« Les principales briques de l’ouverture ont été posées »

La Chine est entr&eacute;e dans une phase de lib&eacute;ralisation de son &eacute;conomie, en particulier au niveau de sa monnaie. Comment cela se traduit-il ? Les r&eacute;formes de lib&eacute;ralisation du syst&egrave;me financier chinois sont d&eacute;finies et mises en œuvre au sein de plans quinquennaux qui rythment le pilotage de l&rsquo;&eacute;conomie chinoise. Nous sommes aujourd&rsquo;hui dans le 13 e plan. L&rsquo;un des axes concerne effectivement l&rsquo;internationalisation du renminbi, qui s&rsquo;est faite &eacute;tape par &eacute;tape. L&rsquo;objectif a d&rsquo;abord &eacute;t&eacute; que la monnaie chinoise soit davantage utilis&eacute;e dans les &eacute;changes internationaux ; cela a conduit &agrave; la signature d&rsquo;accords de swap avec Hong Kong et Taiwan et avec les places financi&egrave;res des principaux partenaires de la Chine dans le commerce international, comme celles de la Cor&eacute;e du sud, de l&rsquo;Australie, de l&rsquo;Union europ&eacute;enne ou du Royaume-Uni, afin d&rsquo;assurer la liquidit&eacute; du renminbi. Aujourd&rsquo;hui, la Chine effectue 30 % de son commerce international en renminbi, contre 7 % il y a quatre ans. Une deuxi&egrave;me &eacute;tape de cette internationalisation aura lieu tr&egrave;s prochainement, avec l&rsquo;entr&eacute;e de la devise chinoise dans le panier des monnaies d&eacute;finissant les droits de tirage sp&eacute;ciaux du FMI. Cela sera effectif en octobre 2016. Les banques centrales &agrave; travers le monde seront donc m&eacute;caniquement amen&eacute;es &agrave; acheter encore plus de renminbi. &Agrave; noter qu&rsquo;en parall&egrave;le, le march&eacute; obligataire est d&eacute;sormais ouvert aux banques centrales et fonds souverains, mais aussi aux investisseurs institutionnels, ce qui viendra plus encore soutenir l&rsquo;ouverture des march&eacute;s financiers chinois et les poussera vers des standards internationaux pour r&eacute;pondre aux exigences de ces nouveaux investisseurs. Il est aussi int&eacute;ressant de noter la position de la Chine dans le d&eacute;bat mon&eacute;taire international : elle souhaite, concernant sa monnaie, sortir de la r&eacute;f&eacute;rence dollar et s&rsquo;&eacute;talonner plut&ocirc;t par rapport &agrave; un panier de monnaies. Est-ce pour sortir des contraintes associ&eacute;es &agrave; l&rsquo;utilisation du dollar ? Cette lib&eacute;ralisation du renminbi a pour cons&eacute;quence d&rsquo;introduire de la volatilit&eacute; dans l&rsquo;&eacute;volution du renminbi. Si, auparavant, les acteurs chinois s&rsquo;attendaient &agrave; son appr&eacute;ciation face au dollar et ne se couvraient donc pas, aujourd&rsquo;hui, ils se posent des questions et regardent de plus en plus les outils de gestion du risque. O&ugrave; en est la r&eacute;flexion sur la place des grandes entreprises publiques dans l&rsquo;&eacute;conomie chinoise ? C&rsquo;est un axe de r&eacute;forme important. Par le pass&eacute;, et compte tenu des objectifs de croissance du PIB qu&rsquo;elles avaient, les provinces ont toutes construit leur usine sid&eacute;rurgique, leur cimenterie, etc. Cela a conduit &agrave; la cr&eacute;ation de surcapacit&eacute;s et de pans entiers de l&rsquo;industrie pas ou peu rentables, compte tenu d&rsquo;une guerre des prix sans merci sur le march&eacute; int&eacute;rieur. Le gouvernement souhaite changer cela et faire &eacute;merger des entreprises performantes, des champions nationaux capables de se battre sur les march&eacute;s internationaux. C&rsquo;est un axe de r&eacute;forme important qui touche tant la restructuration de pans entiers de l&rsquo;industrie &ndash; avec la cr&eacute;ation de quelques champions mais aussi la faillite des plus faibles &ndash; que la gouvernance &ndash; en passant d&rsquo;une logique de dirigeants nomm&eacute;s par l&rsquo;Etat pour des motifs souvent politiques au choix de dirigeants sur la base de leur exp&eacute;rience professionnelle. Les SOEs (State-owned Entreprises) sont maintenant segment&eacute;es entre celles de service public qui doivent &ecirc;tre conserv&eacute;es dans le giron de l&rsquo;Etat et celles de l&rsquo;&eacute;conomie de march&eacute; qui seront g&eacute;r&eacute;es via des structures d&rsquo;actionnariat soucieuses de la performance et de la rentabilit&eacute;. Elles devront &ecirc;tre suffisamment performantes pour investir dans la R&amp;D et s&rsquo;internationaliser. L&rsquo;id&eacute;e est &eacute;galement que ces entreprises publiques puissent ouvrir leur capital &agrave; des entreprises chinoises et des partenaires &eacute;trangers et se mettent en mesure de payer des dividendes, devenant ainsi une source de financement pour l&rsquo;Etat actionnaire. Le mod&egrave;le pourrait tendre vers celui du fonds souverain singapourien Temasek qui, &agrave; travers plusieurs holdings, d&eacute;tient un ensemble d&rsquo;entreprises qu&rsquo;il g&egrave;re comme des actifs &agrave; rentabiliser. Les r&eacute;formes ont commenc&eacute;. On a ainsi vu des fusions entre plusieurs acteurs du transport ferroviaire par exemple. Il y a &eacute;galement des r&eacute;flexions autour de l&rsquo;externalisation des m&eacute;tiers qui ne sont pas au cœur de l&rsquo;activit&eacute; des entreprises d&rsquo;Etat. Enfin, pour soutenir la transformation de ces entreprises en acteurs qui comptent &agrave; l&rsquo;international, un mouvement d&rsquo;acquisition hors des fronti&egrave;res chinoises s&rsquo;est enclench&eacute;. L&rsquo;id&eacute;e est de mettre la main sur des marques, des technologies, du savoir-faire. C&rsquo;est ce qu&rsquo;a fait r&eacute;cemment Cofco en rachetant Noble Agri et Nidera. Qu&rsquo;en est-il des entreprises d&rsquo;Etat en situation de quasi-faillite, celles que l&rsquo;on appelle les &laquo; zombies &raquo; ? Ce sont des entreprises non rentables depuis longtemps, souvent les plus faibles dans les secteurs en surcapacit&eacute; et qu&rsquo;il va falloir restructurer. Cela devrait prendre du temps &ndash; probablement une dizaine d&rsquo;ann&eacute;es &ndash;, car leur restructuration entra&icirc;nera la perte de beaucoup d&rsquo;emplois. Cela concerne beaucoup de secteurs, comme l&rsquo;acier, le ciment, les m&eacute;taux non ferreux, le charbon, les raffineries. Un certain nombre d&rsquo;indicateurs r&eacute;cents laissent penser que la r&eacute;forme a effectivement commenc&eacute;. Comment fonctionnent les zones franches (FTZ &ndash; Free Trade Zone ) cr&eacute;&eacute;es ces derni&egrave;res ann&eacute;es par P&eacute;kin ? L&rsquo;id&eacute;e &eacute;tait de tester des zones o&ugrave; les flux de capitaux et de marchandises avec le reste du monde seraient libres. Mais leurs avantages se sont comparativement r&eacute;duits avec l&rsquo;ouverture des march&eacute;s sur l&rsquo;ensemble du territoire. Tout d&rsquo;abord, elles permettaient d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; des co&ucirc;ts de financement inf&eacute;rieurs &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur de la Chine pour les activit&eacute;s de commerce international. Aujourd&rsquo;hui, la diff&eacute;rence entre le co&ucirc;t de financement onshore et offshore s&rsquo;est r&eacute;duit, avec le rench&eacute;rissement du dollar. Ensuite, ces FTZ permettaient aux entreprises de centraliser leur cash management . Mais avec les importantes sorties de capitaux depuis l&rsquo;&eacute;t&eacute; dernier, ce sont des sujets qui ont perdu en intensit&eacute;, en tout cas provisoirement. La Chine teste en g&eacute;n&eacute;ral avec des sites pilotes ses propositions d&rsquo;ouverture : on se souviendra de la citation de Deng Xiaoping &laquo; Traverser la rivi&egrave;re en t&acirc;tonnant les pierres &raquo; au moment des r&eacute;formes d&rsquo;ouverture de la Chine &agrave; l&rsquo;&eacute;conomie de march&eacute; au d&eacute;but des ann&eacute;es 1980. Etant donn&eacute; la taille de son &eacute;conomie, l&rsquo;impact de tout changement est difficile &agrave; anticiper, et peut avoir des effets plus importants qu&rsquo;on ne l&rsquo;aurait imagin&eacute; au d&eacute;part. Quelles sont les autres projets en faveur de l&rsquo;ouverture de l&rsquo;&eacute;conomie chinoise au reste du monde ? L&rsquo;initiative One Belt One Road , aussi qualifi&eacute;e de &laquo; route de la Soie &raquo;, a pour objectif de favoriser les &eacute;changes avec les pays voisins, avec un scope g&eacute;ographique assez large puisqu&rsquo;une des deux routes terrestres va jusqu&rsquo;en Allemagne et que la route maritime s&rsquo;&eacute;tend en Afrique. Cette initiative a une dimension politique : mieux se conna&icirc;tre pour mieux &eacute;changer et g&eacute;n&eacute;rer un enrichissement r&eacute;ciproque par le commerce. La Chine fait le pari que le d&eacute;veloppement &eacute;conomique de certains pays voisins dans des situations parfois instables favorisera la stabilit&eacute; politique. L&rsquo;objectif est de construire des infrastructures permettant l&rsquo;exploitation des ressources locales et l&rsquo;implantation de parcs industriels le long des routes. Le fonds pour la route de la Soie a &eacute;t&eacute; dot&eacute; de 40 milliards de dollars et la banque asiatique pour le financement d&rsquo;infrastructures (AIIB) contribuera avec d&rsquo;autres organismes au financement de ces diff&eacute;rents projets. Un des objectifs de P&eacute;kin est de faire davantage reposer la croissance sur la demande int&eacute;rieure. O&ugrave; en sont les r&eacute;formes en la mati&egrave;re ? Il s&rsquo;agit en particulier d&rsquo;&eacute;largir la demande locale en sortant 78 millions de personnes de la pauvret&eacute;. Pour cela, le d&eacute;veloppement du secteur des services sera essentiel. Des progr&egrave;s ont &eacute;t&eacute; accomplis puisque ce dernier repr&eacute;sente d&eacute;j&agrave; plus de la moiti&eacute; du PIB. La taxe sur le chiffre d&rsquo;affaires appliqu&eacute;e au secteur des services est en train d&rsquo;&ecirc;tre supprim&eacute;e et remplac&eacute;e par la TVA, ce qui donne des marges de manœuvre aux entreprises. De m&ecirc;me, les taxes sur les soci&eacute;t&eacute;s r&eacute;cemment cr&eacute;&eacute;es ont &eacute;t&eacute; r&eacute;duites. Mais enrichir la demande int&eacute;rieure passera n&eacute;cessairement aussi par une r&eacute;forme du r&eacute;gime du &laquo; hukou &raquo;, le passeport int&eacute;rieur des Chinois qui d&eacute;cide du lieu o&ugrave; ces derniers peuvent s&rsquo;installer, c&rsquo;est-&agrave;-dire acheter un logement, scolariser leurs enfants&hellip; Les travailleurs de l&rsquo;ouest de la Chine qui ont migr&eacute; vers les grandes villes pour trouver un emploi ne peuvent faire venir leurs enfants, car cela pose des probl&egrave;mes de p&eacute;r&eacute;quation pour les investissements en infrastructure des provinces d&rsquo;origine. Il y a actuellement des discussions pour permettre &agrave; une partie de ces migrants de s&rsquo;installer avec leur famille dans la ville o&ugrave; ils travaillent. Cela ne serait pas valable dans les tr&egrave;s grandes villes comme P&eacute;kin, Shanghai ou Canton, mais des tests ont lieu dans les villes de deuxi&egrave;me et troisi&egrave;me niveaux, avec pour objectif de s&eacute;dentariser une centaine des 270 millions de travailleurs migrants. Cela stimulera la demande de logements et d&rsquo;infrastructures et dynamisera la consommation int&eacute;rieure. Au-del&agrave;, le gouvernement veut d&eacute;velopper l&rsquo;interconnectivit&eacute; des m&eacute;gapoles, afin de fluidifier les &eacute;changes &eacute;conomiques entre elles. En 2014, 80 projets d&rsquo;infrastructures ont ainsi &eacute;t&eacute; annonc&eacute;s. Qu&rsquo;en est-il de l&rsquo;innovation ? Beaucoup d&rsquo;initiatives tournent autour des nouvelles technologies, avec le projet China 2025. Il s&rsquo;agit de r&eacute;industrialiser autrement. On compte d&eacute;j&agrave; 2 500 technopoles en Chine. On peut y ajouter l&rsquo;accent mis sur les &eacute;nergies vertes, l&rsquo;objectif &eacute;tant qu&rsquo;en 2030, 20 % de l&rsquo;&eacute;nergie produite soit respectueuse de l&rsquo;environnement. C&rsquo;est un des secteurs o&ugrave; les entreprises chinoises n&rsquo;h&eacute;sitent pas &agrave; faire des acquisitions &agrave; l&rsquo;international, et notamment en Europe, pour acc&eacute;der au savoir-faire. On parle &eacute;galement d&rsquo;une autoroute de l&rsquo;&eacute;lectricit&eacute; entre la Sib&eacute;rie russe et la Chine pour desservir les deux pays gr&acirc;ce &agrave; de gigantesques fermes solaires. P&eacute;kin veut cr&eacute;er des champions dans ce secteur d&rsquo;avenir pour le monde. Comment s&rsquo;exprime cette volont&eacute; de lib&eacute;ralisation au niveau des march&eacute;s financiers ? Les principales briques de l&rsquo;ouverture ont &eacute;t&eacute; pos&eacute;es. Comme je le disais pr&eacute;c&eacute;demment, de plus en plus d&rsquo;entreprises se posent la question de la couverture de leurs risques du fait de la volatilit&eacute; croissante du renminbi. On voit donc appara&icirc;tre un march&eacute; des d&eacute;riv&eacute;s. C&rsquo;est vrai pour le forex notamment, mais aussi pour les mati&egrave;res premi&egrave;res. La Chine en importe beaucoup et a donc un int&eacute;r&ecirc;t direct &agrave; &ecirc;tre un acteur de la formation des prix sur ce march&eacute;. Les d&eacute;riv&eacute;s qui se d&eacute;veloppent sont n&eacute;anmoins encore simples. Le march&eacute; obligataire a r&eacute;cemment fait l&rsquo;objet d&rsquo;un important mouvement d&rsquo;ouverture : le plus gros des march&eacute;s, l&rsquo; interbank market , sur lequel &agrave; la fois les gouvernements central et locaux, les banques publiques et les grandes entreprises &eacute;mettent, s&rsquo;est ouvert &agrave; tout type d&rsquo;investisseurs, pour peu qu&rsquo;ils aient un horizon de placement long terme. Cet acc&egrave;s facilit&eacute; pour les investisseurs institutionnels, chinois et &eacute;trangers, devrait apporter de la liquidit&eacute; &agrave; ce march&eacute; et inciter davantage d&rsquo;&eacute;metteurs &agrave; y avoir recours. Ce devrait &ecirc;tre notamment le cas des gouvernements locaux, qui avaient jusqu&rsquo;ici l&rsquo;habitude de se financer aupr&egrave;s des structures non r&eacute;glement&eacute;es du shadow banking , et ce &agrave; des taux &eacute;lev&eacute;s. Cela ne leur est plus permis et ils doivent d&eacute;sormais &eacute;mettre sur les march&eacute;s obligataires, apr&egrave;s avoir obtenu l&rsquo;accord de la banque centrale qui s&rsquo;assure que le projet financ&eacute; est raisonnable. Quant &agrave; la pr&eacute;sence de plus d&rsquo;investisseurs &eacute;trangers, elle devrait renforcer la professionnalisation des march&eacute;s obligataires locaux, accro&icirc;tre la transparence des comptes des &eacute;metteurs corporate et pousser &agrave; la simplification de leurs structures. L&rsquo;&eacute;volution sera progressive. Les investisseurs aussi devront apprendre &agrave; conna&icirc;tre les entreprises et les secteurs porteurs et ils devront &ecirc;tre rassur&eacute;s sur la mani&egrave;re dont sont g&eacute;r&eacute;es les faillites. Le march&eacute; actions conna&icirc;t-il lui aussi ce mouvement de sophistication ? Le march&eacute; actions n&rsquo;a rien du march&eacute; sophistiqu&eacute; que l&rsquo;on conna&icirc;t dans les pays occidentaux. Il est tenu &agrave; 85-90 % par des investisseurs individuels, qui l&rsquo;utilisent &agrave; des fins sp&eacute;culatives : la Bourse monte et tout le monde se rue sur son t&eacute;l&eacute;phone pour passer des ordres acheteurs, jusqu&rsquo;&agrave; ce qu&rsquo;il reparte &agrave; la baisse et que l&rsquo;on vende massivement. Il manque des investisseurs institutionnels pour &eacute;quilibrer ces mouvements. Les assureurs, en particulier, investissent peu en actions. Des lois ont &eacute;t&eacute; pass&eacute;es pour essayer de les y inciter, mais ils devront pour cela acqu&eacute;rir les outils et les comp&eacute;tences ad&eacute;quats. Les gestionnaires d&rsquo;actifs sont plus sophistiqu&eacute;s, mais ils ne s&rsquo;adressent pas &agrave; l&rsquo;&eacute;pargnant moyen. Il faut ajouter &agrave; cela une aversion au risque faible de la part des particuliers chinois. Ceci s&rsquo;explique par les 30 ans de croissance qu&rsquo;ils ont connus : quel que soit l&rsquo;investissement qu&rsquo;ils faisaient, ils &eacute;taient gagnants. Les turbulences rencontr&eacute;es depuis l&rsquo;&eacute;t&eacute; 2015 sur le march&eacute; actions commencent &agrave; changer la donne. Certains particuliers ont perdu beaucoup &agrave; cette occasion. Les Chinois sont en train d&rsquo;apprendre la notion de risque en mati&egrave;re de placements financiers. Des fonds collectifs prendront alors le relais pour g&eacute;rer l&rsquo;&eacute;pargne de ces particuliers. Qu&rsquo;apporte cette lib&eacute;ralisation pour vos activit&eacute;s ? Tout d&rsquo;abord, nous pouvons accompagner les entreprises chinoises qui s&rsquo;internationalisent, gr&acirc;ce &agrave; notre pr&eacute;sence g&eacute;ographique et notre expertise produit. Nous pouvons par exemple les aider &agrave; structurer leur projet de financement pour la construction d&rsquo;infrastructures en Afrique, continent o&ugrave; nous avons une forte implantation. Notre pr&eacute;sence en Russie et bien entendu, en Europe, y compris de l&rsquo;Est, est aussi un atout. Le march&eacute; europ&eacute;en est tr&egrave;s diff&eacute;rent dans ses habitudes en mati&egrave;re de financement et nous aidons nos clients &agrave; l&rsquo;appr&eacute;hender. Par exemple, les entreprises chinoises ont l&rsquo;habitude de prendre des financements &agrave; court terme aupr&egrave;s des banques, m&ecirc;me pour un projet &agrave; 5 ans, et de les renouveler. C&rsquo;est difficilement envisageable si elles souhaitent financer une acquisition en Europe. Nous les aidons donc &agrave; se familiariser avec l&rsquo;environnement des affaires et les pratiques de march&eacute; en dehors de Chine. Pour ces financements de projets, travaillez-vous avec les banques publiques chinoises ? En Afrique ou en Am&eacute;rique du Sud, cela peut arriver. Nous avons d&rsquo;ailleurs sign&eacute; un accord avec China Development Bank pour distribuer une ligne de cr&eacute;dit &agrave; destination des PME africaines. Dans la zone EMEA, il s&rsquo;agit plut&ocirc;t d&rsquo;accompagner les principales banques chinoises &agrave; se d&eacute;velopper &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger avec leurs clients chinois. Nous voyons de la compl&eacute;mentarit&eacute; plus que de la comp&eacute;tition. Quels autres services apportez-vous ? Puisque les entreprises chinoises deviennent plus sensibles &agrave; la n&eacute;cessit&eacute; de se couvrir face &agrave; la volatilit&eacute; des taux, du change et des mati&egrave;res premi&egrave;res, nous leur fournissons notre savoir-faire et nos solutions en mati&egrave;re de gestion de risque. C&rsquo;est notre expertise en Europe et nous sommes l&rsquo;une des seules banques &eacute;trang&egrave;res pr&eacute;sentes en Chine &agrave; d&eacute;velopper des solutions de risk management sur l&rsquo;ensemble des sous-jacents (de l&rsquo;&eacute;nergie aux m&eacute;taux en passant par les taux am&eacute;ricains, le renminbi et le rouble). Nous proposons aussi des solutions de cash management aux entreprises &eacute;trang&egrave;res install&eacute;es dans les zones franches ou aux entreprises chinoises pr&eacute;sentes dans nos zones g&eacute;ographiques cl&eacute; (Europe, Russie, Afrique). Les contraintes impos&eacute;es aux institutions financi&egrave;res &eacute;trang&egrave;res comme vous sont-elles toujours aussi lourdes que par le pass&eacute; ? Sur le march&eacute; action, il n&rsquo;est toujours pas possible d&rsquo;acqu&eacute;rir plus de 49 % des &laquo; maisons de titres &raquo; [1] ( Securities ), de m&ecirc;me qu&rsquo;il n&rsquo;est pas possible d&rsquo;acqu&eacute;rir plus de 20 % d&rsquo;une banque. En revanche, la possibilit&eacute; nous est laiss&eacute;e de nous &laquo; incorporer &raquo;. C&rsquo;est le choix que nous avons fait et Soci&eacute;t&eacute; G&eacute;n&eacute;rale poss&egrave;de 100 % du capital de sa banque chinoise. Certes, cela prend plus de temps pour d&eacute;velopper ses activit&eacute;s mais cela permet d&rsquo;&ecirc;tre autonomes dans sa gestion. Cela compte quand on sait la diff&eacute;rence de perception du risque entre acteurs occidentaux et acteurs chinois. Cette &laquo; incorporation &raquo; possible dans le secteur bancaire ne l&rsquo;est toutefois pas dans d&rsquo;autres secteurs comme celui des Securities ou de la gestion d&rsquo;actifs. C&rsquo;est un domaine o&ugrave; davantage d&rsquo;ouverture serait int&eacute;ressante et permettrait de d&eacute;velopper, dans un cadre s&eacute;curis&eacute; et r&eacute;glement&eacute; localement, l&rsquo;ensemble des sous-jacents li&eacute;s au risk management , des actions au change, des taux aux mati&egrave;res premi&egrave;res. Qu&rsquo;en est-il du ratio pr&ecirc;t/d&eacute;p&ocirc;ts qui &eacute;tait plafonn&eacute; &agrave; 75 % ? Il avait &eacute;t&eacute; mis en place dans un contexte particulier qui tendait &agrave; contraindre la cr&eacute;ation de cr&eacute;dit bancaire. Les temps ont chang&eacute; mais la surveillance du ratio pr&ecirc;t/d&eacute;pots est toujours pertinente m&ecirc;me si elle est moins forte qu&rsquo;auparavant. 1 &Eacute;tablissement financier remplissant principalement deux fonctions : d'une part, la &laquo; maison de titres &raquo; agit en qualit&eacute; de gestionnaire de portefeuilles ou de gestionnaire de fortune ; d'autre part, elle sert d'interm&eacute;diaire entre acheteurs et vendeurs de valeurs mobili&egrave;res, en pla&ccedil;ant des titres sur les march&eacute;s.

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