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Commerce international

Les atouts de l’internationalisation du renminbi

Créé le

18.01.2013

-

Mis à jour le

29.01.2013

Les autorités chinoises marquent depuis quelques années leur volonté d'internationaliser leur monnaie. Cette ouverture reste progressive, mais les entreprises occidentales peuvent déjà en tirer parti en s'appuyant sur des produits bancaires adaptés.

La Chine est récemment passée devant le Japon au rang de deuxième puissance économique mondiale, mais sa devise, le renminbi (RMB), n’en est qu’au début de son processus d’internationalisation. Jusqu’à récemment, les autorités chinoises n’autorisaient pas la convertibilité de leur monnaie et les échanges commerciaux transfrontaliers étaient principalement effectués en dollars américains. Depuis 2008, la réglementation chinoise connaît régulièrement des assouplissements, avec une volonté affichée des autorités d’internationaliser le RMB. Les premiers règlements transfrontaliers dans cette devise ont été autorisés en 2009 ; Hong Kong est ainsi devenu le centre offshore du RMB avec le CNH (voir Encadré).

Le contexte

L’adoption du « RMB Trade Settlement » (RTS) offre aux entreprises de nouvelles perspectives d’investissement en Chine. Depuis le milieu de l’année 2010, les importations et exportations transfrontalières réalisées dans vingt des provinces chinoises [1] peuvent être payées en RMB dans tous les pays du monde. En août 2012, le RTS a été étendu à toutes les provinces de la Chine continentale.

Pour autant, la banque centrale chinoise, la People’s Bank of China (PBOC) souhaite garder un contrôle strict sur le niveau de ses réserves de devises étrangères : les opérations autorisées restent ainsi très réglementées, avec un contrôle plus particulier sur les opérations entrantes (c’est-à-dire pour les entreprises françaises, les importations à régler en RMB) que sur les opérations sortantes (c’est-à-dire le règlement en RMB des exportations françaises).

Un enjeu stratégique pour la place de Paris

Après Londres, la Place financière de Paris prend position sur le marché du renminbi : services bancaires, opérations de change, émissions d’obligations, prêts… « Paris est déterminé à développer un marché offshore du RMB, a déclaré Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, lors du Forum Paris Europlace fin novembre à Hong Kong. La place financière de Paris a toujours été un centre innovant, appuyé par un secteur bancaire puissant et largement international. Autant d'atouts pour que Paris devienne le principal centre offshore du RMB dans la zone euro. »

Une opportunité pour les entreprises

En 2 ans, les transactions commerciales internationales libellées en RMB ont atteint un peu plus de 8 % de la totalité du commerce extérieur chinois. Les partenaires commerciaux chinois des entreprises françaises demandent de plus en plus fréquemment de traiter leurs opérations en RMB. Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, avec la libéralisation de la devise, la monnaie chinoise fluctue par rapport au dollar. En libellant leurs opérations en RMB, les entreprises chinoises annulent leur risque de change. Par ailleurs, les régulateurs locaux encouragent les opérations internationales en RMB par différents moyens comme des avantages fiscaux, des conditions plus favorables proposées sur les moyens de paiement, des procédures administratives simplifiées pour les exportations. Enfin, le cycle de paiement est plus rapide en RMB.

Le fait de proposer à ses partenaires de régler ou d’être réglé en RMB apporte donc aux entreprises un atout commercial supplémentaire, qui peut se révéler décisif. De manière générale, l’internationalisation du RMB permet aux entreprises de renforcer leur position sur le marché chinois et d’élargir considérablement leur marge de manœuvre.

Des risques à appréhender avec les bons outils

Le commerce international exige l’évaluation de plusieurs risques : celui de change, de rupture de contrat, de transport ainsi que le risque politique. Ce dernier englobe également la réglementation et la transparence. En Chine, les techniques classiques du trade finance comme les crédits documentaires sont très utilisées. Elles sont opposables, très accessibles et relativement compétitives, tout en offrant une bonne couverture de risques. Des volumes plus importants demandent en revanche d’autres solutions, souvent par le biais d’agents locaux, parmi lesquelles les opérations en open account [2] . Enfin, l’émergence de solutions de supply chain financing [3] (e-invoice financing, Bank Payment Obligation [4] ...) constituera pour les grandes entreprises et leurs partenaires financiers, de nouvelles opportunités de financement de leurs opérations avec la Chine.

Où sont domiciliés les comptes en RMB ?

Il est possible d’avoir un compte non résident en Chine continentale, mais il est pour cela nécessaire d’obtenir l’accord de la SAFE (contrôle des changes). Le compte devra par ailleurs être dédié aux opérations commerciales. Sur Hong Kong, les procédures d’ouverture sont plus flexibles : une fois les fonds sur le compte, il est possible de les utiliser pour des investissements et des transferts bancaires en dehors du continent.

Depuis la France, les grandes banques internationales offrent à leur clientèle d’importateurs et exportateurs l’ouverture de comptes en RMB/CNY pour le financement de leurs opérations avec leurs partenaires chinois. Les services et produits bancaires généralement proposés couvrent les problématiques de change (au comptant ou à terme), de paiements, de dépôts, de prêts, ainsi qu’une offre trade finance et de financement en RMB (escompte commercial, forfaiting…).

Les offres de centralisation de trésorerie se développent

Les banques chinoises implantées en France et des banques françaises proposent dorénavant aux entreprises européennes différentes offres qui vont simplifier leur gestion de trésorerie sur cette zone de commerce. Le fait qu’elles octroient des prêts en renminbi sur 5 ou 7 ans, dont les fonds peuvent être utilisés pour financer des investissements en Chine ou pour payer des importations évite d’utiliser le dollar américain et offre une grande flexibilité dans l’utilisation des fonds. Ces offres bancaires simplifient donc la gestion de la trésorerie en renminbi pour les entreprises. Elles n’ont presque plus besoin de mettre en place une gestion locale et contournent ainsi la difficulté de l’interdiction de remontée des fonds excédentaires.

L’internationalisation du renminbi a commencé et sa progression va encore davantage faciliter la centralisation de trésorerie sur cette devise.

1 Beijing, Tianjin, Mongolie intérieure, Liaoning, Shanghai, Jiangsu, Zhejiang, Fujian, Shandong, Hubei, Guangdong, Guangxi, Hainan, Chongqing, Sichuan, Yunnan, Jilin, Heilongjiang, Tibet, Xinjiang. 2 Sans sécurisation du paiement (par exemple, le virement), NDLR. 3 Ensemble de solutions proposées par les banques pour financer les fournisseurs de leurs clients, NDLR. 4 BPO : nouvel outil de paiement et de sécurisation qui réconcilie bon de commande et facture client et déclenche automatiquement le paiement à l’initiative de la Commission bancaire de la Chambre de Commerce International et SWIFT , NDLR.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº757
Notes :
1 Beijing, Tianjin, Mongolie intérieure, Liaoning, Shanghai, Jiangsu, Zhejiang, Fujian, Shandong, Hubei, Guangdong, Guangxi, Hainan, Chongqing, Sichuan, Yunnan, Jilin, Heilongjiang, Tibet, Xinjiang.
2 Sans sécurisation du paiement (par exemple, le virement), NDLR.
3 Ensemble de solutions proposées par les banques pour financer les fournisseurs de leurs clients, NDLR.
4 BPO : nouvel outil de paiement et de sécurisation qui réconcilie bon de commande et facture client et déclenche automatiquement le paiement