Le Groupe BGFIBank, acteur majeur du financement des infrastructures

Quels sont aujourd&rsquo;hui les besoins en termes de financement des infrastructures en Afrique ? Il est incontestable que le manque d'infrastructures en Afrique est un obstacle majeur &agrave; son d&eacute;veloppement et &agrave; sa croissance &eacute;conomique. En effet, les co&ucirc;ts &eacute;lev&eacute;s des facteurs de production, induits par la mauvaise qualit&eacute; des infrastructures sur le continent, lui font perdre plusieurs points de croissance chaque ann&eacute;e et freinent son d&eacute;veloppement. Par ailleurs, l&rsquo;Afrique est confront&eacute;e au d&eacute;fi de sa forte pouss&eacute;e d&eacute;mographique qui accro&icirc;t l&rsquo;urgence d&rsquo;acc&eacute;l&eacute;rer le rythme des investissements en infrastructures. &Agrave; l&rsquo;horizon 2050, le continent africain devrait accueillir autour de 2,3 milliards d&rsquo;habitants. Dans ce contexte, le d&eacute;veloppement d&rsquo;un r&eacute;seau d&rsquo;infrastructures de qualit&eacute; devient une n&eacute;cessit&eacute; absolue. Bien que de nombreux progr&egrave;s aient &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;s au cours des derni&egrave;res ann&eacute;es avec l&rsquo;appui des partenaires multilat&eacute;raux et de la Chine, qui s&rsquo;est positionn&eacute;e progressivement comme un acteur incontournable, les besoins en infrastructures restent &eacute;normes dans la plupart des secteurs. Du secteur des transports &agrave; celui des t&eacute;l&eacute;communications, en passant par l&rsquo;&eacute;nergie, l&rsquo;adduction d&rsquo;eau, la sant&eacute; et l&rsquo;&eacute;duction, des investissements massifs restent &agrave; r&eacute;aliser afin de rattraper le retard accus&eacute; par l&rsquo;Afrique. D&rsquo;apr&egrave;s les derni&egrave;res estimations de la Banque africaine de d&eacute;veloppement (BAD), entre 130 &agrave; 170 milliards de dollars par an seraient n&eacute;cessaires pour combler le gap de financement des infrastructures du continent. Outre les besoins de financement, les infrastructures en Afrique souffrent &eacute;galement du manque de ressources techniques et de probl&egrave;mes de conception. Ces insuffisances p&egrave;sent fortement sur son niveau de d&eacute;veloppement social et &eacute;conomique, alors que, parall&egrave;lement, le continent pr&eacute;sente de nombreux atouts et des perspectives d&rsquo;investissements favorables. Aujourd'hui plus qu&rsquo;hier, l&rsquo;Afrique a besoin &agrave; la fois d'infrastructures de structures et de superstructures pour accro&icirc;tre sa comp&eacute;titivit&eacute;, sa productivit&eacute; &eacute;conomique et acc&eacute;l&eacute;rer son d&eacute;veloppement social et &eacute;conomique. Dans cette perspective, elle a plus que jamais, besoin de m&eacute;canismes adapt&eacute;s et innovants pour le financement de ces infrastructures. Les retards que nous observons aujourd&rsquo;hui sont rattrapables, pour autant que l&rsquo;on se donne r&eacute;ellement les moyens de relever ces d&eacute;fis multiformes afin de soutenir l&rsquo;essor du continent africain. Quel est le r&ocirc;le de BGFIBank, quels types d&rsquo;infrastructures le Groupe accompagne-t-il, dans quels secteurs et dans quels pays ? Depuis pr&egrave;s de cinquante ans, le Groupe BGFIBank, qui est le premier acteur financier en Afrique centrale, participe au financement des infrastructures africaines. Nous le r&eacute;alisons dans nos onze pays d&rsquo;implantation, dans de nombreux secteurs d&rsquo;activit&eacute;, et notamment ceux &agrave; fort impact tels que l&rsquo;&eacute;nergie, l&rsquo;eau, le logement, le b&acirc;timent, les industries, la sant&eacute; et l&rsquo;&eacute;ducation. Ces investissements nous permettent aujourd&rsquo;hui de jouer un r&ocirc;le de premier plan dans l&rsquo;atteinte tant de l&rsquo;Objectif 10 de l&rsquo;Agenda 2063 de l&rsquo;Union africaine (&laquo; des infrastructures de classe mondiale quadrillant l&rsquo;Afrique &raquo;), que des Objectifs du d&eacute;veloppement durable (ODD) &ndash; plus de 80 % des ODD d&eacute;pendent en effet, sous une forme ou une autre, du d&eacute;veloppement des infrastructures. Pour illustrer l&rsquo;intervention du Groupe BGFIBank dans le financement des infrastructures en Afrique, je me limiterai principalement &agrave; trois exemples r&eacute;cents: &ndash; en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, nous avons contribu&eacute; activement au financement du Plan d'entretien routier 2017-2019. Nous avons ainsi aid&eacute; &agrave; lever (gr&acirc;ce &agrave; notre filiale BGFI Capital) 80 milliards de FCFA (environ 122 millions d&rsquo;euros), ce qui a contribu&eacute; &agrave; maintenir un r&eacute;seau routier de qualit&eacute; en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, renfor&ccedil;ant ainsi l&rsquo;attractivit&eacute; du pays ; &ndash; au Gabon, nous avons mobilis&eacute; des financements importants, particuli&egrave;rement dans le secteur des t&eacute;l&eacute;communications, qui ont permis de couvrir 85 % du territoire national afin de g&eacute;n&eacute;raliser l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la 3G, puis &agrave; la 4G ; &ndash; enfin, au Cameroun, fort de nos dix ann&eacute;es de pr&eacute;sence, nous avons particip&eacute; &agrave; des projets d&rsquo;investissements (notamment dans les infrastructures sociales, l&rsquo;&eacute;nergie, l&rsquo;industrie) dont le montant cumul&eacute; atteint 175 milliards de FCFA (soit environ 270 millions d&rsquo;euros). Nous intervenons aussi bien en amont et en aval des projets. En amont, notre expertise en mati&egrave;re de structuration des op&eacute;rations de financement est mobilis&eacute;e, principalement par le biais de notre soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;ing&eacute;nierie financi&egrave;re BGFI Capital, la banque d&rsquo;investissement du Groupe. Nous intervenons en qualit&eacute; d&rsquo;arrangeur et nous assurons &agrave; ce titre la structuration compl&egrave;te du financement. Notre intervention est particuli&egrave;rement appr&eacute;ci&eacute;e par les &Eacute;tats que nous accompagnons. En effet, le montage financier d&rsquo;importants projets d&rsquo;infrastructures (et surtout s&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;infrastructures structurantes) constitue une phase critique de leur cycle de vie, et les pouvoirs publics ne disposent pas n&eacute;cessairement de toute l&rsquo;expertise n&eacute;cessaire pour, non seulement, conduire le processus &agrave; son terme, mais aussi le faire dans les conditions les plus avantageuses. Nos interventions sont donc sources d&rsquo;externalit&eacute;s positives et g&eacute;n&egrave;rent des transferts de comp&eacute;tence qui b&eacute;n&eacute;ficient aux d&eacute;cideurs du secteur public avec lesquels nous travaillons en &eacute;troite collaboration. En aval, nous assurons la mise &agrave; disposition des fonds, gr&acirc;ce &agrave; notre vaste r&eacute;seau de filiales ou d&rsquo;agences bancaires. En qualit&eacute; de banque agent ou de banque participante, nous assurons la gestion quotidienne des flux de financement. Quelle que soit notre position dans le financement des projets d&rsquo;infrastructures, notre pr&eacute;occupation premi&egrave;re demeure la bonne prise en charge des sp&eacute;cificit&eacute;s et des particularit&eacute;s du projet et de son porteur, i.e. l'ad&eacute;quation entre le planning d&rsquo;ex&eacute;cution des travaux et le plan de tr&eacute;sorerie, la s&eacute;curit&eacute; du montage financier. Loin d&rsquo;&ecirc;tre simple spectateur dans le processus de financement des infrastructures, notre d&eacute;marche s'inscrit dans une logique de conseil. &Agrave; titre d&rsquo;exemple, au Cameroun, nous avons couvert la cha&icirc;ne globale de financement d&rsquo;un projet de 33 milliards FCFA (50 millions d&rsquo;euros) en qualit&eacute; de banque arrangeur de l&rsquo;op&eacute;ration, de banque agent de la facilit&eacute; mais aussi de banque agent des s&ucirc;ret&eacute;s. Comment ces projets sont-ils financ&eacute;s par BGFIBank, en mobilisant quels services et outils de financement ? Comme je l&rsquo;ai indiqu&eacute;, l&rsquo;accompagnement par BGFIBank des projets d&rsquo;investissements reste multiforme. Cela implique des services et des outils de financement distincts mais n&eacute;anmoins compl&eacute;mentaires. Le r&ocirc;le endoss&eacute; par BGFIBank d&eacute;pend beaucoup du contexte ou des besoins sp&eacute;cifiques du projet. Il peut ainsi inclure (cumulativement ou non) un r&ocirc;le (i) de conseil afin de structurer la solution sur mesure, (ii) d&rsquo;arrangeur chef de file afin de mettre ladite solution en ex&eacute;cution, (iii) de pr&ecirc;teur pour tout ou une partie du capital requis et (iv) d&rsquo;agent pour s&rsquo;assurer de la bonne gestion de la solution pour l&rsquo;ensemble des parties prenantes jusqu&rsquo;&agrave; la maturit&eacute; du financement. L&rsquo;accompagnement de BGFIBank peut &eacute;galement prendre la forme d&rsquo;autres outils plus classiques : apports en tr&eacute;sorerie (cr&eacute;dit &agrave; moyen terme, financement du cycle d&rsquo;exploitation), lettres de cr&eacute;dit, &eacute;mission de cautions et de garanties. Qui sont les diff&eacute;rentes parties prenantes d&rsquo;un projet d&rsquo;infrastructures et quels partenariats nouez-vous avec elles ? Compte tenu des montants financiers importants qu&rsquo;ils impliquent souvent, mais aussi de leur nature m&ecirc;me, les projets en mati&egrave;re d&rsquo;infrastructures mobilisent g&eacute;n&eacute;ralement plusieurs parties prenantes. En Afrique, les projets d&rsquo;infrastructures et leurs cadres de partenariats sont encore rendus plus complexes, d&rsquo;une part, parce qu&rsquo;ils impliquent souvent des acteurs locaux pour les uns, et &eacute;trangers ou internationaux pour les autres, et, d&rsquo;autre part, du fait d&rsquo;un environnement davantage affect&eacute; par l&rsquo;incertitude ou le risque (d&eacute;ficits de transparence, cadre politique propice ou d&rsquo;une g&eacute;ographie &eacute;conomique favorable). Cette dimension partenariale est sans doute aussi importante que les volets strictement financiers (mobiliser des financements, proc&eacute;der aux d&eacute;caissements, etc.) ou techniques (r&eacute;alisation mat&eacute;rielle des ouvrages). En Afrique sans doute plus qu&rsquo;ailleurs, la qualit&eacute; des partenariats nou&eacute;s, ainsi que la permanence du dialogue entre les diff&eacute;rents acteurs impliqu&eacute;s est d&eacute;terminante dans la r&eacute;ussite des projets &agrave; mener. Si les parties prenantes varient fortement d&rsquo;un projet &agrave; un autre, compte tenu de leur nature, de leur envergure ou leur complexit&eacute;, le portefeuille de projet d&rsquo;infrastructures de BGFIBank nous a permis d&rsquo;&ecirc;tre en contact avec diff&eacute;rentes cat&eacute;gories de parties prenantes, &agrave; savoir : &ndash; les &Eacute;tats et leurs diff&eacute;rents d&eacute;membrements (d&eacute;cideurs, corps de contr&ocirc;le, agences d&rsquo;ex&eacute;cution, organes de r&eacute;gulation et notamment ceux en charge de la passation des march&eacute;s); &ndash; les partenaires techniques et financiers (bailleurs de fonds, agences de coop&eacute;ration internationale); &ndash; les banques (dans le cadre des financements en pool); &ndash; les bureaux d&rsquo;&eacute;tudes et de v&eacute;rification; &ndash; le secteur priv&eacute; (et en particulier les entreprises qui r&eacute;alisent les travaux d&rsquo;infrastructures, ainsi que les fournisseurs d&rsquo;&eacute;quipements ou les prestataires impliqu&eacute;s dans la r&eacute;alisation du projet); &ndash; diff&eacute;rents experts ou corps de m&eacute;tiers (avocats, commissaires aux comptes, architectes, experts environnementaux). Quelles sont vos ambitions en mati&egrave;re de financement des infrastructures, &agrave; la veille de votre prochain plan strat&eacute;gique ? Le Groupe BGFIBank compte lancer, d&egrave;s janvier prochain, son nouveau Projet d&rsquo;entreprise &laquo; Dynamique 2025 &raquo;, succ&eacute;dant ainsi au Projet d&rsquo;entreprise &laquo; Excellence 2020 &raquo; lanc&eacute; en 2016 et qui arrive &agrave; terme cette ann&eacute;e. Parmi les grandes ambitions exprim&eacute;es dans la nouvelle dynamique du Groupe BGFIBank, nous entendons nous hisser durablement parmi les &eacute;tablissements de r&eacute;f&eacute;rence en Afrique en mati&egrave;re de financement des investissements structurants. Tr&egrave;s prochainement, nous allons d&rsquo;ailleurs d&eacute;voiler les premiers projets structurants que nous allons accompagner dans le cadre de notre prochain plan de d&eacute;veloppement. Des changements importants interviendront dans nos politiques et nos pratiques, pour nous permettre notamment de mieux r&eacute;pondre aux besoins des investissements dans les infrastructures africaines. Nous allons par exemple accorder davantage de pr&ecirc;ts bancaires &agrave; long terme et recourir &agrave; davantage de financements innovants (financements participatifs, etc.). Notre parfaite connaissance de nos environnements nous a d&eacute;j&agrave; permis d&rsquo;identifier les projets structurants que nous serons dispos&eacute;s &agrave; accompagner &agrave; travers divers programmes de financement. La conscience, la volont&eacute; et l&rsquo;engagement des parties prenantes nous confortent dans notre d&eacute;termination de faire &eacute;merger sur nos diff&eacute;rents march&eacute;s un flux important de projets structurants bancables, indispensables au d&eacute;veloppement de l&rsquo;Afrique. Comment la crise li&eacute;e &agrave; la Covid-19 change-t-elle la donne aujourd&rsquo;hui pour les projets d&rsquo;infrastructures et leurs financements ? La crise in&eacute;dite li&eacute;e la pand&eacute;mie du coronavirus que traverse le monde actuellement a eu un impact ind&eacute;niable et multiforme sur les projets d&rsquo;infrastructures en Afrique. &Agrave; l&rsquo;instar des autres secteurs &eacute;conomiques, le secteur des infrastructures a &eacute;t&eacute; durement impact&eacute; par la crise de la Covid-19 : il a subi le ralentissement de leur rythme d&rsquo;ex&eacute;cution voire leur arr&ecirc;t, le report de certains projets, l'indisponibilit&eacute; du personnel, le d&eacute;ficit d&rsquo;approvisionnement des fournisseurs qui a engendr&eacute; la p&eacute;nurie de certains intrants&hellip; Le retard potentiel sur le calendrier de plusieurs projets est quasiment certain. Par ailleurs, des surco&ucirc;ts devront &ecirc;tre enregistr&eacute;s en raison des mesures d&rsquo;adaptation induites par la pand&eacute;mie (nouvelles normes de s&eacute;curit&eacute; et sanitaire, horaires de travail&hellip;). Jusqu&rsquo;ici, les &Eacute;tats &eacute;taient les principaux investisseurs dans les projets d&rsquo;infrastructures, avec une contribution de 37 %, &agrave; travers le recours &agrave; l&rsquo;endettement aupr&egrave;s de la Chine et d&rsquo;autres bailleurs de fonds internationaux. Les ressources publiques ont &eacute;t&eacute; mises sous pression par cette crise sanitaire sans pr&eacute;c&eacute;dent. Dans le m&ecirc;me temps, les capacit&eacute;s d&rsquo;endettement des &Eacute;tats sont de plus en plus r&eacute;duites, en raison des effets de la crise, des programmes de soutien et de relance &eacute;conomique, dont l&rsquo;ampleur et l&rsquo;urgence ont &eacute;t&eacute; dict&eacute;es par la Covid-19. Dans ce contexte, l&rsquo;amenuisement des ressources publiques coupl&eacute; &agrave; l&rsquo;accroissement de l&rsquo;endettement afin de lutter contre la Covid-19 ont eu pour effet de modifier l&rsquo;agenda de nombreux projets en cours. Par ailleurs, les &Eacute;tats sont contraints de repenser la mani&egrave;re de financer leurs infrastructures. Le mod&egrave;le traditionnel bas&eacute; sur leur endettement peut ne plus suffire pour permettre au continent africain de combler son retard infrastructurel. Les projets d&rsquo;infrastructures en phase d&rsquo;exploitation, pour leur part, n&rsquo;ont pas &eacute;chapp&eacute; aux effets de la crise : les mesures de confinement et l&rsquo;interruption de pans entiers de nos &eacute;conomies ont conduit &agrave; un effondrement imm&eacute;diat et brutal de la fr&eacute;quentation et de l&rsquo;utilisation de nombreuses infrastructures dans les secteurs tels que les a&eacute;roports, les ports et les routes notamment. Cette situation accentue la probl&eacute;matique relative aux nouvelles modalit&eacute;s de financement des infrastructures en Afrique. Les in&eacute;galit&eacute;s en mati&egrave;re d&rsquo;acc&egrave;s aux financements risquent &agrave; nouveau de se creuser entre les pays africains riches en ressources naturelles et ceux qui en sont moins pourvus. Si l&rsquo;Afrique de l&rsquo;Ouest concentre 25 % des financements en infrastructures contre 8 % pour l&rsquo;Afrique Centrale, cette in&eacute;galit&eacute; devrait s&rsquo;accentuer davantage, au regard de la forte d&eacute;pendance des &eacute;conomies de l&rsquo;Afrique centrale au p&eacute;trole et aux mines. De m&ecirc;me, les secteurs de l&rsquo;&eacute;nergie et des transports qui sont les plus grands consommateurs de financements infrastructurels, soit plus de 70 %, devraient voir leur part baisser au profit des investissements dans la sant&eacute; et les t&eacute;l&eacute;communications. Cette tendance s&rsquo;observe d&rsquo;ailleurs dans les financements que nous avons structur&eacute;s et accompagn&eacute;s au cours des derniers mois. En effet, la crise du coronavirus a mis en lumi&egrave;re de profondes in&eacute;galit&eacute;s sociospatiales, non seulement en termes d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation et aux soins, mais aussi &agrave; l&rsquo;emploi, au transport, et au logement. Face &agrave; ce nouveau contexte, des solutions de financements alternatives et innovantes devront &ecirc;tre d&eacute;velopp&eacute;es afin de poursuivre la dynamique engag&eacute;e sur le continent au cours des derni&egrave;res ann&eacute;es. Les partenariats publics priv&eacute;s, les obligations en infrastructures et le financement des banques commerciales locales et internationales, devraient voir leur contribution augmenter dans le financement des infrastructures. De plus en plus d&rsquo;&Eacute;tats africains travaillent actuellement &agrave; poser d&egrave;s &agrave; pr&eacute;sent, les bases d&rsquo;une strat&eacute;gie de priorisation des investissements infrastructurels, afin de garantir l&rsquo;acc&egrave;s aux services de bases au plus grand nombre. Les priorit&eacute;s de financement des infrastructures vont ainsi &ecirc;tre red&eacute;finies. La crise mondiale in&eacute;dite, suite &agrave; la Covid-19, a eu un impact ind&eacute;niable et multiforme sur les projets d&rsquo;infrastructures en Afrique. Les projets d&rsquo;infrastructures ont &eacute;t&eacute; durement impact&eacute;s, avec des ampleurs vari&eacute;es (ralentissements, retards, reports, redimensionnements, arr&ecirc;ts, etc.). Ces effets n&eacute;fastes sur le secteur des infrastructures &eacute;taient certainement pr&eacute;visibles, &eacute;tant donn&eacute; d&rsquo;une part que la plupart des projets sur le continent sont port&eacute;s par les &Eacute;tats, et d&rsquo;autre part que les ressources propres de ces derniers ainsi que leurs capacit&eacute;s de mobilisation de financements ont &eacute;t&eacute; durement affect&eacute;es par la crise sanitaire. On a &eacute;galement assist&eacute; &agrave; des effets d&rsquo;&eacute;viction, dans la mesure o&ugrave; des transferts de ressources ont eu lieu dans le cadre de l&rsquo;op&eacute;rationnalisation des strat&eacute;gies de lutte contre la Covid, ce qui, du reste, est compr&eacute;hensible. Enfin, il est &agrave; noter que cet impact n&rsquo;a pas uniquement concern&eacute; les projets d&rsquo;infrastructures : en effet, m&ecirc;me les infrastructures en phase d&rsquo;exploitation, et notamment les a&eacute;roports, les ports, les routes&hellip; ont &eacute;t&eacute; fortement touch&eacute;s, suite aux mesures de confinement et &agrave; l&rsquo;interruption de pans &eacute;conomiques entiers (dont le tourisme ou le transport a&eacute;rien, qui en sont les exemples les plus illustratifs). L&rsquo;effondrement total et brutal de la fr&eacute;quentation et de l&rsquo;utilisation de ces infrastructures pose certainement davantage probl&egrave;me en Afrique qu&rsquo;ailleurs, compte tenu du fait que sur le continent, il s&rsquo;agit dans une large proportion d&rsquo;infrastructures r&eacute;centes, dont le financement continue encore &agrave; &ecirc;tre pris en charge par le service de la dette. Fort heureusement, la Covid-19, comme toute crise, apporte aussi son lot de lueurs d&rsquo;espoirs ou de belles perspectives. Tout d&rsquo;abord, tous les secteurs de l&rsquo;activit&eacute; &eacute;conomique n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; impact&eacute;s n&eacute;gativement, et c&rsquo;est par exemple le cas du num&eacute;rique qui, en Afrique, est sorti renforc&eacute; de la crise. Le num&eacute;rique a en effet &eacute;t&eacute; d&rsquo;un grand apport dans la r&eacute;silience (sociale, &eacute;conomique, etc.) du continent face &agrave; la Covid, et d&egrave;s lors, ses usages et ses utilisateurs devraient augmenter consid&eacute;rablement dans les ann&eacute;es &agrave; venir. Par cons&eacute;quent, le pari peut &ecirc;tre fait que le secteur va b&eacute;n&eacute;ficier au cours des p&eacute;riodes &agrave; venir (et du point de vue notamment de ses infrastructures) d&rsquo;investissements suppl&eacute;mentaires consid&eacute;rables. Plus g&eacute;n&eacute;ralement, le secteur des infrastructures en Afrique devrait pouvoir b&eacute;n&eacute;ficier des nouvelles opportunit&eacute;s cons&eacute;cutives &agrave; la crise, et cela pour plusieurs raisons. Tout d&rsquo;abord, la crise a fini de mettre &agrave; nu en Afrique les profondes in&eacute;galit&eacute;s sociospatiales non seulement en termes d&rsquo;acc&egrave;s dans les services sociaux (sant&eacute;, &eacute;ducation) mais aussi du point de vue des t&eacute;l&eacute;communications (Internet, etc.), des transports, de l&rsquo;emploi, du logement, etc. Ensuite, la Banque mondiale estime que 20 &agrave; 25 millions d&rsquo;Africains pourraient tomber dans la grande pauvret&eacute; &agrave; cause de la pand&eacute;mie : certes il ne s&rsquo;agit pas &agrave; proprement parler d&rsquo;une nouvelle r&eacute;jouissante, mais la r&eacute;ponse des &Eacute;tats africains devrait &ecirc;tre d&egrave;s &agrave; pr&eacute;sent de poser les bases d&rsquo;une strat&eacute;gie de priorisation des investissements permettant notamment de garantir l&rsquo;acc&egrave;s aux services de base aux populations les plus vuln&eacute;rables. La BAD estime &agrave; 80 milliards d'euros le besoin annuel suppl&eacute;mentaire pour les projets d&rsquo;infrastructures en cette p&eacute;riode de crise. Enfin, une grande le&ccedil;on &agrave; tirer de cette crise est que l&rsquo;Homme doit d&eacute;sormais &ecirc;tre au centre des priorit&eacute;s : par cons&eacute;quent, les &eacute;conomies africaines s'orientent de plus en plus vers le financement des infrastructures d&eacute;di&eacute;es &agrave; l&rsquo;am&eacute;lioration du bien-&ecirc;tre et &agrave; la satisfaction des besoins essentiels. La transition &eacute;nerg&eacute;tique est-elle prise en compte dans les projets d&rsquo;infrastructures et comment ? L&rsquo;&eacute;nergie est de loin le plus gros d&eacute;fi infrastructurel de l&rsquo;Afrique, avec environ 40 % du total des besoins de d&eacute;penses qui ont trait &agrave; l&rsquo;&eacute;nergie. Malgr&eacute; tout, la part de la population ayant acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;&eacute;lectricit&eacute; y est encore inf&eacute;rieure &agrave; 50 %. Une trentaine de pays africains sont ainsi r&eacute;guli&egrave;rement confront&eacute;s &agrave; des p&eacute;nuries d&rsquo;&eacute;lectricit&eacute; et beaucoup payent un prix &eacute;lev&eacute; pour une alimentation &eacute;lectrique de secours. Les 48 pays de l&rsquo;Afrique subsaharienne (800 millions d&rsquo;habitants) g&eacute;n&egrave;rent plus ou moins la m&ecirc;me quantit&eacute; d&rsquo;&eacute;lectricit&eacute; que l&rsquo;Espagne (45 millions d&rsquo;habitants). Beaucoup de petits pays ont des syst&egrave;mes &eacute;nerg&eacute;tiques nationaux inf&eacute;rieurs &agrave; 500 m&eacute;gawatts. Alors qu&rsquo;il repr&eacute;sentait 16 % de la population mondiale, le continent africain p&egrave;se moins de 6 % de la consommation &eacute;nerg&eacute;tique. Fort heureusement, le continent africain peut compter sur son &eacute;norme potentiel en mati&egrave;re d&rsquo;&eacute;nergies renouvelables : 325 jours d&rsquo;ensoleillement intense par an, 15 % du potentiel hydro&eacute;lectrique mondial, un bon potentiel &eacute;olien et g&eacute;othermique. Ce potentiel explique aussi que la transition &eacute;nerg&eacute;tique soit de plus en plus prise en compte dans les strat&eacute;gies de d&eacute;veloppement des infrastructures en Afrique. Les projets d&rsquo;infrastructures autour de ces &eacute;nergies renouvelables produiront en Afrique au moins trois effets positifs : (i) ils contribueront &agrave; att&eacute;nuer les effets du changement climatique (bien que, c&rsquo;est important de le rappeler, le continent africain ne p&egrave;se que 3 % des &eacute;missions de gaz &agrave; effet de serre), (ii) ils permettront de rem&eacute;dier &agrave; l&rsquo;importante p&eacute;nurie d&rsquo;&eacute;nergie (et donc d&rsquo;am&eacute;liorer l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;&eacute;nergie), (iii) ils faciliteront le passage au post-Covid, en contribuant &agrave; reb&acirc;tir en Afrique des &eacute;conomies plus solides, plus r&eacute;silientes, plus &eacute;galitaires. Dans les pays africains, les projets d&rsquo;infrastructures d&eacute;di&eacute;s &agrave; la transition &eacute;nerg&eacute;tique commencent &agrave; se multiplier. Au Maroc, il &eacute;tait pr&eacute;vu de porter &agrave; 42 %, au plus tard en 2020, la part des &eacute;nergies renouvelables dans le bouquet &eacute;lectrique. Dans d&rsquo;autres pays, tels que le S&eacute;n&eacute;gal, le Ghana, ou l&rsquo;Afrique du Sud, des infrastructures permettant de produire des &eacute;nergies renouvelables (centrales solaires photovolta&iuml;ques, thermiques ou thermodynamiques) ont &eacute;t&eacute; financ&eacute;es, le plus souvent sur le mod&egrave;le de partenariat public-priv&eacute;. Les banques, en tant qu&rsquo;acteurs cl&eacute;s du financement, ont &eacute;videmment un r&ocirc;le clef &agrave; jouer dans la transition &eacute;nerg&eacute;tique. Chez BGFIBank, parce que nous sommes conscients de notre responsabilit&eacute; sociale, mais &eacute;galement convaincus du caract&egrave;re irr&eacute;versible de la transition &eacute;nerg&eacute;tique et des opportunit&eacute;s &eacute;conomiques qui d&eacute;couleraient, nous avons d&eacute;j&agrave; entam&eacute; l&rsquo;adaptation de nos politiques d&rsquo;allocation des ressources ainsi que de nos instruments de financement. Notre prochain plan strat&eacute;gique, dont j&rsquo;ai tant&ocirc;t parl&eacute;, visera &eacute;galement &agrave; acc&eacute;l&eacute;rer notre adaptation &agrave; la transition &eacute;nerg&eacute;tique. Cela exigera, entre autres, une expression plus forte de notre responsabilit&eacute; soci&eacute;tale ainsi que de notre volont&eacute; de contribuer &agrave; la pr&eacute;servation de l&rsquo;environnement. Il s&rsquo;agit pour nous de garantir une meilleure prise en compte des int&eacute;r&ecirc;ts de toutes les parties prenantes (y compris les populations potentiellement impact&eacute;es par la r&eacute;alisation des infrastructures), une place accrue des consid&eacute;rations environnementale ou de l&rsquo;adaptation au changement climatique dans nos crit&egrave;res d&rsquo;analyse et d&rsquo;&eacute;valuation des projets. Quelle est votre analyse de l&rsquo;&eacute;volution du financement des infrastructures en Afrique ? Comment r&eacute;pondre aux besoins ? Faut-il mobiliser davantage le secteur priv&eacute; et comment ? De mon point de vue, les investissements dans les infrastructures resteront pour longtemps encore en Afrique un levier majeur de la croissance et du d&eacute;veloppement. Trois &eacute;l&eacute;ments me paraissent n&eacute;anmoins essentiels : un financement ad&eacute;quat, d&rsquo;excellentes capacit&eacute;s institutionnelles et une bonne attention port&eacute;e par l&rsquo;&Eacute;tat sur les besoins des citoyens ou des utilisateurs actuels et futurs des infrastructures. Je suis &eacute;galement convaincu que la qualit&eacute; des infrastructures constitue en Afrique un enjeu fondamental, compte tenu non seulement du d&eacute;ficit infrastructurel ou du des ressources limit&eacute;es, mais aussi du fait que 40 % des infrastructures en Afrique sont gaspill&eacute;es. Une infrastructure de qualit&eacute; doit r&eacute;pondre &agrave; cinq crit&egrave;res : (i) l&rsquo;efficacit&eacute; &eacute;conomique, (ii) la r&eacute;silience face aux catastrophes naturelles, (iii) la s&eacute;curit&eacute;, (iv) la durabilit&eacute; environnementale et sociale, et (v) la contribution &agrave; la soci&eacute;t&eacute; et &agrave; l&rsquo;&eacute;conomie. Il est fondamental que les pays africains, d&rsquo;une part privil&eacute;gient une approche plus s&eacute;lective dans le choix et le financement des infrastructures qu&rsquo;ils r&eacute;alisent (prioritaires, durables et ax&eacute;es sur le long terme) ; et d&rsquo;autre part alignent leurs investissements dans ces infrastructures sur les strat&eacute;gies nationales de d&eacute;veloppement &eacute;conomique &agrave; long terme. Comme je l&rsquo;ai tant&ocirc;t rappel&eacute;, aujourd&rsquo;hui jusqu&rsquo;&agrave; deux tiers du financement des infrastructures (environ 30 milliards de dollars) proviennent de sources nationales, et donc du contribuable africain. Cela signifie que ces derniers participent consid&eacute;rablement au financement des infrastructures. Par cons&eacute;quent, les ressources compl&eacute;mentaires devront &ecirc;tre mobilis&eacute;es aupr&egrave;s d&rsquo;autres cat&eacute;gories d&rsquo;acteurs, parmi lesquels le secteur priv&eacute;. &Agrave; ce jour, les capitaux priv&eacute;s ont jou&eacute; un r&ocirc;le tr&egrave;s limit&eacute; dans le financement des infrastructures en Afrique. En 2017, les flux priv&eacute;s s&rsquo;&eacute;levaient &agrave; 2,6 milliards de dollars, soit seulement 4 % de l&rsquo;investissement total dans les infrastructures sur le continent. Les investissements dans des projets d&rsquo;infrastructures publiques &agrave; participation priv&eacute;e sont &eacute;galement rest&eacute;s limit&eacute;s. Pour r&eacute;pondre au d&eacute;fi du financement des infrastructures, une plus grande participation du secteur priv&eacute; est tout simplement indispensable. Cela n&eacute;cessitera &agrave; la fois une multiplication des espaces de consultations et d&rsquo;&eacute;changes entre le secteur priv&eacute; et les pouvoirs publics, mais aussi l&rsquo;am&eacute;lioration des cadres r&eacute;glementaires et un environnement plus favorables aux investisseurs priv&eacute;s et institutionnels. Il existe toutefois un pr&eacute;alable : favoriser l'&eacute;mergence d&rsquo;un secteur priv&eacute; fort, impliqu&eacute; dans les projets nationaux. Propos recueillis par L. B. et E. C.

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Le Groupe BGFIBank, acteur majeur du financement des infrastructures

À retrouver dans la revue

Paiements

Chahuté, Worldline se bouge

Macro-économie

Dette et déficit publics : comment éviter le précipice

Paiements

DeluPay, une appli alternative aux cartes de paiement

Services financiers spécialisés

Le leasing, notre meilleur atout pour une mobilité décarbonée

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Panorama réglementaire des actifs numériques

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Sberbank : une valeur anéantie à zéro en fonds de portefeuille

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La transformation repose sur des directions responsables et des équipes pluridisciplinaires

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