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Choc démographique, un défi pour les marchés financiers

Créé le

19.11.2018

-

Mis à jour le

27.11.2018

Le terme de « transition – ou choc – démographique » décrit un vieillissement de la population, dû à la conjonction de la baisse de la natalité et de l’allongement de la durée de vie. Cette évolution structurelle est particulièrement sensible dans les pays développés, au point que l’Allemagne ou le Japon affichent une population vieillissante.

Les chercheurs, économistes et professionnels réunis dans ce nouveau dossier réalisé par Revue Banque en partenariat avec l’AMAFI, ont étudié les interactions possibles entre cette transition démographique, parfois rapide, et les marchés financiers.

Le principal enjeu porte sur l’épargne : les évolutions démographiques devraient entraîner son accroissement pour deux raisons : d’une part, les ménages sont de plus en plus sensibilisés à la nécessité d’épargner pour préparer leur retraite, compte tenu des déséquilibres créés par la transition démographique dans les régimes par répartition ; d’autre part, les travaux de recherche les plus récents montrent que les retraités, qui seront de plus en plus nombreux, ont tendance à continuer à épargner.

Cet accroissement du niveau d’épargne est a priori une bonne nouvelle, car elle pourrait venir alimenter les marchés financiers pour constituer des ressources de long terme soutenant le financement de l’économie, et en particulier celui de la transition énergétique.

Toutefois, en France, les épargnants, et de façon encore plus marquée dans la perspective de la retraite, ne sont guère enclins à se positionner sur des valeurs mobilières.

En effet, l’un des placements très prisés par les Français dans la perspective de la retraite reste l’immobilier, qui répond à la préoccupation de conserver leur lieu d’habitation. Ce choix est d’autant plus structurant pour la collectivité que le recours aux solutions de liquéfaction du patrimoine immobilier, comme le viager, reste marginal, même si des montages innovants de fonds de viager mutualisés pourraient en faciliter le développement.

Le contexte d’un niveau durable de faible inflation pourrait aussi conduire certains épargnants âgés, dont la propension au risque est faible, à se porter tout simplement sur des liquidités. Une autre solution qui n’aurait toutefois guère d’effet bénéfique en faveur du financement de l’économie au moment où celle-ci devient de plus en dépendante des marchés financiers.

Comment flécher cette épargne vers les marchés financiers ? Il semble qu’il faille agir autant sur les comportements d’épargne que sur l’offre de produits. Les dispositions de la loi PACTE encouragent les Français à avoir une épargne plus dynamique, mais seront-elles suffisantes ? Ou faudra-t-il attendre les nouvelles générations, qui sont en train de révolutionner leur mode de consommation et pourraient aussi repenser leur mode d’investissement ? Quels produits de très long terme leur proposer alors ? Cette interrogation revient à relancer en France le débat sur les fonds de pension. Le projet européen de fonds de pension mais aussi une possible revitalisation du Fonds de réserve des retraites pourraient, là encore, ouvrir une voie nouvelle à des placements de très long terme.

Reste une dernière hypothèse : celle d’une épargne qui ne trouverait pas suffisamment d’opportunités d’investissement dans son pays d’origine, en raison d’une demande moindre de capitaux par les acteurs économiques, notamment les entrepreneurs, réduite par les effets mêmes de la transition démographique et d’un taux de natalité de plus en plus faible. L’investissement dans des pays en voie de développement plus demandeurs de capitaux pourrait ne pas apparaître comme une solution évidente pour des ménages en quête de sécurité. Une épargne surabondante pourrait alors créer un risque de bulles financières.

Comme le montrent les différentes analyses présentées dans ce numéro, la transition démographique soulève de nombreux questionnements. Surtout, elle rend plus nécessaire encore le développement de solutions de placements et de financements de très long terme.

 

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº826bis