Square

L'actualité des M&A bancaires

Orange se lance dans la banque mobile

Créé le

25.02.2016

-

Mis à jour le

26.02.2016

Le numéro un français des télécoms est entré en négociations exclusives avec Groupama, en vue de conclure un partenariat pour développer un modèle bancaire inédit en France.

Orange est décidément sur tous les fronts. En plus de discuter d’un rapprochement avec son concurrent Bouygues Telecom, l’opérateur a annoncé, lundi 4 janvier, être entré en négociations exclusives avec Groupama pour le rachat de 65 % du capital de sa filiale bancaire. L’assureur mutualiste garderait les 35 % restants (voir Encadré 1). Orange aurait mené des discussions avec plusieurs partenaires potentiels avant de choisir Groupama.

Les deux parties, qui n’ont pas dévoilé de prix pour cette transaction, espèrent parvenir à un accord définitif d’ici à la fin avril afin de nouer un partenariat qui aboutira à la création d’une banque 100 % mobile. L’objectif est de faire de Groupama Banque le socle de cette banque mobile d’un genre nouveau, qui se place en concurrent direct des banques traditionnelles et des banques en ligne. Baptisée « Orange Banque », son lancement est prévu début 2017 en France, puis sur plusieurs marchés européens comme l’Espagne ou la Belgique. Les services proposés couvriront la gestion des dépôts, l’épargne, ainsi que les crédits et l’assurance.

Lors de la présentation de son plan stratégique « Essentiels2020 » en mars 2015, Stéphane Richard, P-DG d’Orange, avait clairement annoncé son ambition de diversifier les activités de son groupe en direction de la banque digitale, qui offre des perspectives de croissance importante en France et surtout à l’international (voir Graphe 1). Son objectif est d’atteindre 400 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 dans les services financiers.

Même si les multiples tentatives de pénétration du secteur bancaire n’ont que très rarement été couronnées de succès, le numéro un français des télécoms bénéficie aujourd’hui d’atouts essentiels pour réussir. À l’issue du rapprochement, il disposera d’un réseau physique solide de plus de 3 850 agences et magasins qui constituera un puissant relais (voir Graphe 2). La plupart des acteurs du e-banking ont dû faire sans. Au-delà de sa notoriété, Orange possède également une énorme base de 28 millions de clients potentiels.

Par ailleurs, Orange connaît et maîtrise parfaitement l’ensemble des problématiques de ce qui est devenu le premier point de contact des clients avec leur banque. L’essentiel des relations entre les banques et leurs clients se fait désormais par internet ou via leur smartphone. L’opérateur télécom dispose donc d’un levier majeur pour développer des fonctionnalités moins familières aux banques. Son savoir-faire technique devrait lui permettre de dépasser les applications bancaires actuellement disponibles sur les smartphones pour transformer le mobile en véritable agence de banque et d’assurance, toujours présente dans votre poche.

Enfin, Orange n’en est pas à son premier coup d’essai réussi dans le secteur financier. En effet, il a déjà lancé une initiative similaire en Pologne en 2014 avec « Orange Finanse », en s’alliant avec le groupe bancaire allemand Commerzbank. En outre, il propose depuis plusieurs années des services de transfert d’argent et de paiement en Afrique (« Orange Money »). Plus récemment, il a mis en place, fin 2015 en France, une solution de paiement mobile sans contact via son smartphone (« Orange Cash »).

Même si l’avenir s’annonce prometteur, Orange devra toutefois relever plusieurs défis. D’une part, il va devoir convaincre. Sa marque a beau être connue, elle est associée au secteur des télécoms, lesquels souffrent d’une image négative auprès des consommateurs, quand il s’agit de résoudre un problème. Or inspirer confiance est un facteur de réussite essentiel dans la banque. D’autre part, il va devoir former ses équipes à un nouveau métier et savoir accompagner avec professionnalisme et expertise une clientèle de plus en plus exigeante. Passer de services simples peu margés à des opérations plus rentables, mais aussi plus complexes, est loin d’être un pari gagné.

Nous verrons bien si Stéphane Richard réussit à faire de son groupe le « Free de la banque » !

 

Achevé de rédiger le 24 février 2016

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº794