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AXA change de profil en rachetant XL

Créé le

24.04.2018

-

Mis à jour le

26.04.2018

L’assureur français devrait prendre le contrôle de son concurrent XL Group en vue de former un nouveau champion mondial dans l’assurance dommages des entreprises. Avec cette acquisition, une page se tourne pour AXA.

Le secteur de l’assurance est le compartiment du secteur financier le plus en ébullition depuis le début de l’année sur le front des fusions-acquisitions. En janvier dernier, l’américain AIG a annoncé le rachat de Validus pour plus de 5,5 milliards de dollars. C’est désormais au tour du géant français de l’assurance d’engager une opération tout autant transformante qu’inattendue. En effet, AXA a jeté son dévolu sur XL Group pour 15,3 milliards de dollars (12,4 milliards d’euros, v. encadré 1). Le numéro deux européen de l’assurance offre 57,60 dollars par action XL Group en numéraire, soit une prime de 33 % par rapport au dernier cours de clôture avant l’annonce de la transaction. L’opération devrait être finalisée lors du second semestre 2018.

Fondé en 1986 et domicilié aux Bermudes, XL Group est considéré comme l’un des leaders mondiaux de l’assurance dommages des entreprises et de la réassurance. Il a généré 15 milliards de dollars de primes en 2017, dont environ un tiers en réassurance. Le groupe emploie 7 400 collaborateurs à travers le monde.

AXA réalise ainsi son acquisition la plus importante depuis les 12,3 milliards de francs suisses (8,9 milliards d’euros) déboursés en 2006 lors du rachat de l’assureur suisse Winterthur. Cette opération est également la plus grosse acquisition du secteur de l’assurance depuis 2015 et la plus importante jamais réalisée par un acteur européen sur un assureur américain.

Cette acquisition s’avère structurante pour le numéro un français de l’assurance, car elle va modifier son profil en profondeur, en conformité avec les priorités fixées à l’occasion du nouveau plan stratégique « Ambition 2020 » dévoilé en novembre dernier. D’une part, son profil de risque va être rééquilibré vers les risques assurantiels, avec une moindre exposition aux risques financiers (taux d’intérêt, cycle boursier). D’autre part, son profil d’activité va évoluer de l’assurance vie-épargne-retraite vers l’assurance dommages. En effet, l’assurance dommages représentera la moitié du résultat opérationnel du nouvel ensemble, contre seulement 39 % en 2016 (v. encadré 2). Mieux encore, AXA se hissera au rang de leader mondial du marché de l’assurance dommages des entreprises, avec un chiffre d’affaires d’environ 30 milliards d’euros.

Les interrogations du marché

Toutefois, ce rachat, qui représente un virage important dans la stratégie de l’assureur français, n’a pas convaincu les investisseurs. Tout d’abord, le prix d’acquisition, jugé « excessif », a surpris le marché. Une manière, probablement, de devancer définitivement son principal concurrent, l’allemand Allianz, qui avait aussi marqué son intérêt pour XL Group. Le financement de l’opération a également suscité de nombreuses interrogations. En outre, les synergies attendues semblent difficiles à mettre en œuvre. Enfin, le risque d’intégration est considéré comme non négligeable, car AXA ne dispose pas d’un très bon historique (track-record) en la matière.

Certes, l’opération ne fait pas l’unanimité, mais elle n’en est pas pour autant dénuée de sens et d’intérêt, bien au contraire. Elle va permettre à AXA de réduire fortement son exposition aux marchés financiers et de se positionner sur des produits plus techniques et plus rémunérateurs, assurant ainsi une plus grande régularité dans la remontée de trésorerie et un meilleur potentiel de croissance. Par ailleurs, les activités de réassurance de XL Group vont donner accès à une plus grande diversification et à des sources alternatives de capital, à l’origine d’une baisse de son coût.

En moins de deux ans, le nouveau patron d’AXA, Thomas Buberl, a déjà profondément redessiné le visage du numéro deux européen de l’assurance. L’acquisition d’XL Group est une étape majeure qui doit lui permettre d’accélérer cette transformation. Une nouvelle ère s’annonce donc pour AXA. En agissant ainsi, Thomas Buberl suit le chemin et le même esprit de conquête que Claude Bébéar, le fondateur du groupe, qui, dans les années 1980 et 1990, avait multiplié les acquisitions, pour hisser ce qui n’était alors qu’une petite mutuelle de province parmi les principaux acteurs de l’assurance mondiale.

Achevé de rédiger le 23 avril 2018

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº820