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2015-2016 : les crédits aux sociétés en reprise

Créé le

12.06.2015

-

Mis à jour le

29.06.2015

La croissance de l’encours de crédits aux sociétés non financières, soutenue en 2011, +4,4 % sur un an en fin d’année, avait nettement ralenti en 2012, à +1 %, et en 2013, à +0,2 %. Elle s’est redressée au second semestre 2014, avec une hausse de 1,3 % en juin et 2,3 % en décembre. Le mouvement s’accentue sur les mois récents, +3,5 % en mars et avril. Il est net sur les crédits de trésorerie, +7,4 % sur un an en avril, mais reste encore mesuré sur les crédits à l’investissement, +1,9 % en avril. Le flux de nouveaux crédits accordés aux sociétés (en cumul douze mois) restait en baisse assez prononcée en 2014, -11,4% sur un an en décembre (après -12,8 % fin 2013). En mars 2015, la baisse est ramenée à -2 %.

Dans les enquêtes Banque de France, la demande de crédit perçue par les banques s’est effectivement redressée au second semestre 2014, notamment de la part des grandes entreprises. Toutefois, depuis le début de l’année 2015, la demande faiblit un peu, en lien avec de moindres besoins de financement en matière d’investissement et de fusions-acquisitions.

Le redressement du crédit devrait donc rester modéré sur les prochains mois, pour deux principales raisons. D’une part, l’environnement économique ne s’améliore que graduellement. D’autre part, le besoin de financement des sociétés tendrait plutôt à se réduire.

L‘investissement des sociétés devrait rester en hausse très modérée en 2015, +1% environ en volume. Des mesures de soutien ont pourtant été mises en place en faveur des sociétés : le crédit d’impôt CICE, les allégements d’impôts et de charges prévus dans le Pacte de responsabilité, l’amortissement exceptionnel de 40 %. De plus, la France bénéficie, comme l’ensemble de la zone euro, d’un environnement plus favorable, avec la baisse des prix pétroliers et de l’euro, les taux d’intérêt très bas et le QE mis en place par la BCE. Mais l’investissement ne redémarre pas clairement pour l’instant, les entreprises restant très hésitantes, du fait notamment de la faiblesse relative de leurs débouchés, de l’absence de tensions sur les capacités de production et d’un climat des affaires encore assez mitigé. L’investissement se redresserait plus nettement en 2016, 2,4 % en volume. Par ailleurs, un mouvement de reconstitution des stocks semble se mettre en place, mais il devrait être assez modeste. D’où une reprise des dépenses des sociétés à petit pas, 3 % en 2015, 4,5 % en 2016.

Dans le même temps, les taux de marge et les profits vont se redresser plus nettement, du fait des mesures de soutien précitées et du recul des prix énergétiques. L’effet du CICE sur les profits, modeste en 2014, sera plus marqué les années suivantes. Il s’ajoutera à la première tranche du pacte de responsabilité (4,5 milliards d’euros) et à la mesure sur les amortissements, qui jouera clairement en 2015. Les profits non distribués devraient s’accroître de +15 % en 2015 et +5 % en 2016.

Le besoin de financement des sociétés non financières est défini comme la différence entre les profits non distribués et les dépenses d’investissement et de stocks. Il se réduirait ainsi, à 30 milliards en 2015 et 26 milliards en 2016, contre 46 milliards en 2014, la hausse des profits étant plus forte que celle des dépenses.

 

Par ailleurs, le recours au financement de marché, notamment obligataire, va rester marqué. L’encours des émissions de titres de marché était en hausse de 9,5 % sur un an en avril 2015. Le coût de financement est très bas, à 1,2 % en avril (contre 1,8 % pour le taux moyen des crédits aux sociétés) et ne devrait remonter que très faiblement sur les prochains trimestres.

Au total, la demande de crédit n’accélérerait donc que modérément. Le flux de nouveaux crédits accordés (cumul 1 mois) serait en légère reprise, 3 % fin 2015 et 5 % fin 2016. La croissance de l’encours des crédits aux sociétés non financières atteindrait 3 % fin 2015 et 3,2 % fin 2016.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº786