Epargne réglementée : peut mieux faire

« Combien font 0 plus 0,25 ? Mais 1, bien sûr ! » Lors de la conférence de lancement du pôle House of Finance de l’université Paris-Dauphine, l’économiste Jean-Paul Betbèze n’a pas manqué d’ironiser sur une décision du gouvernement qui a fait grincer les dents des banquiers : le maintien du taux du Livret A à 1 %, quand la formule de calcul, basée sur les taux du marché et l’inflation, donnait 0,25 %. Le gouverneur de la Banque de France avait pourtant recommandé une baisse modérée à 0,75 %. C’était selon lui « incontournable ». Car à 1 % contre des taux de marché presque nuls, la ressource du Livret A, liquide et garantie, est très chère pour la Caisse des Dépôts, qui gère 65 % des encours, et pour les banques, qui doivent par ricochet maintenir leurs propres livrets bilantiels à ce niveau pour éviter l’évaporation des dépôts.

Pour tenter d’apaiser les esprits, le gouvernement a toutefois ouvert un autre dossier brûlant pour les établissements : la rémunération du PEL [1] , dont l’encours a bondi de 11 milliards d’euros à 209 milliards sur 2014 [2] . Il passera à 2 % pour les contrats souscrits après février, contre 2,5 % minimum pour le stock existant, tandis que le taux maximal proposé pour le prêt immobilier en fin de collecte est abaissé de 100 points de base à 3,20 %... soit 84 points de base de plus que la moyenne du marché, selon la FBF. Pas de quoi combler les grands déséquilibres donc. La bonne nouvelle vient finalement des Français eux-mêmes qui, à 1 % de rendement, boudent le Livret A (6,1 milliards d’euros de décollecte sur 2014) et laissent leur argent sur les comptes courants non rémunérés (7,7 milliards de collecte [3] ). Mais viendra le temps où ils s’apercevront que 1 % net dans un univers d’inflation et de taux nuls, ce n’est pas si mal que cela…

1 Plan épargne logement. 2 Chiffres à fin octobre. 3 Ibid.