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Quelle addition pour la hausse de l’épargne réglementée ?

Créé le

28.12.2021

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, l’a confirmé : le taux du livret A augmentera le 1er février prochain. Mais de combien ? Mystère. Le petit jeu des pronostics est l’occasion de revoir les règles, qui ont changé en début d’année 2021. Premier élément important, la fixation du taux du livret A se fait en dixièmes de point. Le passage du quart de point, de 1 à 0,75 %, puis de 0,75 à 0,5 %, est a priori rangé aux oubliettes. Le débat n’est donc pas autour de 0,75 ou 1 %, mais autour de 0,6 %, 0,7 %, 0,8 %, 0,9 % ou 1 %. 1 %, pas plus, même si l’inflation est nettement supérieure. Pourquoi ? « L'écart entre deux fixations successives du taux est limité de manière transitoire à 0,5 point de pourcentage maximum », stipule l’arrêté du 27 janvier 2021.

Pour le reste, la formule de calcul repose sur l’inflation hors tabac et le niveau des taux d’intérêt pris sur une base semestrielle. Cette approche semestrielle n’aura nul effet sur les taux courts, collés à -0,57 % depuis des lustres. En revanche, elle aura un impact sur l’inflation, les prix ayant commencé à augmenter en septembre, quand a été franchie la barre des 2 %. Le taux du Livret A devrait passer à 0,7 %, sauf si le gouverneur de la banque de France juge les circonstances exceptionnelles. Auquel cas, « les taux sont maintenus à leur niveau antérieur et le ministre chargé de l'économie examine l'opportunité de les modifier ».

Le brûlant dossier du LEP

La hausse du livret A ne devrait donc pas être majeure. Il ne devrait pas en être autant du livret d’épargne populaire (LEP), dont le taux n’est plus forcément lié au rendement du livret A. Selon les taux, le taux du LEP est le plus haut entre le taux du livret A, majoré de 50 points de base, ou l’inflation hors tabac évaluée sur base semestrielle, ce qui pourrait l’amener à 2 %.

Pour les banques, cette évolution aurait plusieurs conséquences. Financières, d’abord : « À 0,75 % donc, la hausse du Livret A coûterait 460 millions d’euros aux banques françaises », précise à Revue Banque Rafael Quina, analyste en charge des banques françaises chez Fitch. Soit environ 0,3 % de leur produit net bancaire (PNB). L’autre sujet concerne la distribution du LEP. Le gouverneur de la Banque de France s’est exprimé à plusieurs reprises sur le sujet, jugeant les Français insuffisamment équipés sur ce produit. Si l’écart de rémunération dépasse le point, le sujet va devenir majeur. Tout comme la question économique : est-ce aux banques de payer pour encourager l’épargne populaire ? Il y a trente ans, lorsqu’il fut décidé d’encourager l’épargne avec un plan d’épargne populaire, la mécanique tournait autour d’une prime d’État…

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº863-864