Olivier Pinon (Mastercard) : « Les cartes virtuelles sont des atouts pour les entreprises »

On constate une acc&eacute;l&eacute;ration mondiale de la d&eacute;mat&eacute;rialisation des paiements dans le grand public. Est-ce vrai &eacute;galement dans le monde professionnel ? En 2020, pour les paiements business to business (b2b), nous tournons aux alentours de 2 400 milliards d'euros de flux &eacute;chang&eacute;s (&agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de la France, ndlr), soit entre entreprises, soit entre les entreprises et l'&Eacute;tat. Ce sont des paiements massifs qui, pour l&rsquo;essentiel, se font aujourd&rsquo;hui par virement, pour des raisons principalement historiques. Nous pensons que dans des &eacute;cosyst&egrave;mes comme celui du b2b, les cartes sont sous-estim&eacute;es. Elles pourraient diminuer de mani&egrave;re significative les frictions qui apparaissent &agrave; l&rsquo;occasion de paiements entre acheteurs et fournisseurs. Quels en sont les avantages ? Pourquoi payer par carte virtuelle plut&ocirc;t que par virement ? C&ocirc;t&eacute; acheteur, les cartes pr&eacute;sentent plusieurs avantages. Le premier, c'est le diff&eacute;r&eacute; de paiement : avec un virement, vous d&eacute;caissez imm&eacute;diatement, &ccedil;a n'optimise par votre tr&eacute;sorerie. Avec les cartes, vous diff&eacute;rez votre paiement, dans un cycle de facturation &agrave; 30 jours, avec &eacute;ventuellement un diff&eacute;r&eacute; additionnel qui peut aller jusqu'&agrave; 60 jours. Soit, potentiellement, 90 jours entre le moment o&ugrave; vous r&eacute;alisez la d&eacute;pense en tant qu'acheteur et le moment o&ugrave; elle est pr&eacute;lev&eacute;e sur votre compte. C&rsquo;est tr&egrave;s significatif. Ensuite, votre capacit&eacute; de n&eacute;gociation avec vos fournisseurs est meilleure, parce que vous b&eacute;n&eacute;ficiez d&rsquo;un reporting exhaustif. Souvent, les programmes de cartes, en particulier les cartes virtuelles, proposent un reporting d&eacute;di&eacute;. Dans ce reporting d&eacute;di&eacute;, figurent les num&eacute;ros de cartes virtuelles &eacute;mis, par qui ils ont &eacute;t&eacute; g&eacute;n&eacute;r&eacute;s, pour quels commer&ccedil;ants ils ont &eacute;t&eacute; pay&eacute;s. Vous pouvez y ajouter des donn&eacute;es qu'on appelle de niveau 3 (pour payer la facture n&deg; XX, je g&eacute;n&egrave;re la carte virtuelle n&deg; XXX correspondante) et y associer ainsi un centre de co&ucirc;ts, un code projet, &eacute;ventuellement un matricule de collaborateur. Autant de donn&eacute;es qui, en tant qu'acheteur, vous &eacute;chappent probablement si vous proc&eacute;dez diff&eacute;remment. De cette mani&egrave;re, vous pouvez d&eacute;l&eacute;guer la d&eacute;pense en toute s&eacute;curit&eacute; : &agrave; chaque transaction est associ&eacute; un num&eacute;ro &agrave; usage unique, qui n&rsquo;est plus utilisable une fois le compte d&eacute;bit&eacute;. Le risque de fraude est tr&egrave;s r&eacute;duit et vous n&rsquo;avez plus besoin de partager vos coordonn&eacute;es bancaires avec vos fournisseurs. Vos collaborateurs sont plus autonomes, le process d'achat est plus efficace. Et il ne s&rsquo;agit l&agrave; que d&rsquo;une exp&eacute;rience utilisateur avec g&eacute;n&eacute;ration de carte manuelle. Vous pouvez aussi automatiser les flux cartes, en cr&eacute;ant des dialogues entre API, sans passer par un processus de contr&ocirc;le &agrave; chaque achat. &Ccedil;a existe &eacute;galement dans le domaine du procure-to-pay (l&rsquo;ensemble du processus achat d&rsquo;une entreprise, de la recherche du bien au paiement et &agrave; la s&eacute;lection du fournisseur, jusqu&rsquo;&agrave; la r&eacute;ception du produit, ndlr) o&ugrave; un logiciel est reli&eacute; par une API &agrave; un syst&egrave;me de g&eacute;n&eacute;ration de cartes virtuelles. En France, des banques ont-elles d&eacute;j&agrave; lanc&eacute; un tel produit &agrave; destination de leurs clients professionnels ? Pour ce qui est de Mastercard, AirPlus propose des cartes virtuelles, ainsi que HSBC Continental Europe. D'autres acteurs, comme Qonto, le font &eacute;galement, mais &agrave; plus petite &eacute;chelle. En mati&egrave;re de paiement d&eacute;mat&eacute;rialis&eacute;, y a-t-il d&rsquo;autres alternatives aux virements bancaires ? Oui, dans le cadre d&rsquo;un &eacute;cosyst&egrave;me plus global. Globalement, l'id&eacute;e est de fluidifier la relation entre acheteurs et fournisseurs. C'est ce que propose Mastercard avec Track Business Payment Service (ou TrackBPS). Ce service est n&eacute; l'ann&eacute;e derni&egrave;re aux &Eacute;tats-Unis et s'&eacute;tend petit &agrave; petit en Europe. Barclays Card nous a rejoints r&eacute;cemment, comme les Italiens de Piteco et leur Treasury Management System. La strat&eacute;gie de Mastercard est multirails, pour &laquo; processer &raquo; tous les types de paiements, cartes ou non. &Ccedil;a signifie inscrire de plus en plus ce que l&rsquo;on appelle des agents d'entreprises dans l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me TrackBPS. Qu&rsquo;essaie-t-on de faire, au-del&agrave; du paiement ? D'abord, s&eacute;curiser les transactions, en faisant en sorte que l&rsquo;identifiant des entreprises ne soit pas li&eacute; &agrave; leurs coordonn&eacute;es bancaires. Elles doivent pouvoir se payer entre elles sans partager leurs informations bancaires, pour &eacute;viter les fraudes aux faux fournisseurs. Pendant les diff&eacute;rents confinements, nombre d&rsquo;entreprises se sont fait avoir par des escrocs qui les appelaient en se pr&eacute;sentant ainsi : &laquo; Bonjour, nous sommes votre fournisseur, notre RIB a chang&eacute;, merci d'enregistrer le nouveau. &raquo; Si elles ne disposaient pas des bons processus, il y avait risque d&rsquo;usurpation. Par ailleurs, c&ocirc;t&eacute; fournisseurs, nous g&eacute;rons &eacute;galement la liquidit&eacute;. Les fournisseurs ach&egrave;tent, ils acceptent les cartes, ils sont pay&eacute;s imm&eacute;diatement, plut&ocirc;t que d'attendre la fin de mois plus 45 jours, le d&eacute;lai l&eacute;gal de paiement des factures. En France, plus de la moiti&eacute; des entreprises ne payent pas &agrave; temps leurs fournisseurs. Or, on estime qu&rsquo;une faillite sur quatre est li&eacute;e &agrave; des retards de paiement. Avec TrackBPS, un fournisseur peut d&eacute;finir ses param&egrave;tres de paiement : &laquo; Je pr&eacute;f&egrave;re &ecirc;tre pay&eacute; par carte jusqu'&agrave; un certain montant, au-del&agrave; par virement. &raquo; C'est un &eacute;cosyst&egrave;me, fait de moyens de paiement diff&eacute;rents, pas seulement les cartes ou les virements, o&ugrave; les donn&eacute;es sont mieux r&eacute;concili&eacute;es, plus automatis&eacute;es, o&ugrave; circulent des informations telles que le num&eacute;ro de carte virtuelle qui a servi au paiement de la facture ou, s'il s'agit d'un virement, la r&eacute;f&eacute;rence du paiement. Il arrive que certains virements soient tronqu&eacute;s et les donn&eacute;es insuffisantes pour identifier les factures auxquelles ils correspondent. D&rsquo;autres arrivent agr&eacute;g&eacute;s, sans s&eacute;paration des factures. Ce sont ces probl&egrave;mes-l&agrave; que nous adressons avec TrackBPS. Avez-vous des accords avec des banques fran&ccedil;aises ? Nous sommes en cours de discussion, mais TrackBPS n&rsquo;est pas encore disponible en France. Il se d&eacute;veloppe petit &agrave; petit en Europe. La pand&eacute;mie a-t-elle modifi&eacute; les habitudes de paiement des entreprises ? Pendant un confinement, chacun t&eacute;l&eacute;travaille. Le salari&eacute; ne pourrait-il pas acheter du gel, des masques depuis chez lui avec une carte virtuelle ? Certaines entreprises se sont pos&eacute; cette question. Et celle-ci : &laquo; Comment optimiser les processus, de mani&egrave;re &agrave; &ecirc;tre plus agile ? &raquo; Des changements vont rester, sur le travail &agrave; distance, notamment, ou le business travel. Le voyage d&rsquo;affaires va &ecirc;tre durablement impact&eacute;. Les collaborateurs ne se d&eacute;placeront plus aussi fr&eacute;quemment qu&rsquo;avant la crise. D&rsquo;autres produits b2b ont vocation &agrave; &ecirc;tre de plus en plus utilis&eacute;s. Leur taux de croissance est tr&egrave;s &eacute;lev&eacute;. Les paiements carte ont augment&eacute; de 37 % entre 2016 et 2020, c&rsquo;est une tendance de fond. Mais 2020 a rebattu les cartes, avec, par exemple, l&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration des marketplaces b2b, favorable au paiement par carte, auquel il est bien adapt&eacute;. On estime le taux de paiements par carte b2b &agrave; quelque 1,2 % du montant total des paiements en France. Que proposez-vous en mati&egrave;re de s&eacute;curit&eacute; ? Pour nous, la s&eacute;curit&eacute;, en b2b, c'est deux choses. D&rsquo;abord la carte virtuelle. Une fois enregistr&eacute;e chez un fournisseur et d&eacute;j&agrave; utilis&eacute;e, elle ne pourra plus &ecirc;tre pirat&eacute;e. Et puis, dans notre &eacute;cosyst&egrave;me TrackBPS, les envois et les r&eacute;ceptions de fonds sont li&eacute;s &agrave; un TrackID, sans que soient partag&eacute;es les coordonn&eacute;es bancaires. Chaque fournisseur et chaque acheteur est associ&eacute; &agrave; un identifiant. Les num&eacute;ros de compte ne sont visibles ni d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, ni de l&rsquo;autre. Propos recueillis par St&eacute;phanie Chaptal.

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Olivier Pinon (Mastercard) : « Les cartes virtuelles sont des atouts pour les entreprises »

La pandémie a accéléré la dématérialisation des paiements dans le domaine grand public, mais elle a également eu un impact sur les paiements entre professionnels. La montée en puissance des paiements par carte dématérialisés répond à un double impératif d’agilité et de sécurité.

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