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Crowdfunding : un secteur encore jeune, mais plein de promesses

Créé le

24.09.2014

-

Mis à jour le

30.09.2014

Si, grâce au décret qui vient encadrer la profession, le crowdfunding est en passe de gagner le pari de la crédibilité en France, pour beaucoup, la course à la taille critique n'est pas encore remportée. Pour cela, les entrepreneurs attendent davantage de la part du gouvernement.

Si les entrepreneurs du crowdfunding craignaient que leur dossier perde de son caractère prioritaire à l’occasion du remaniement ministériel, qu’ils se rassurent ! Le mot était sur toutes les lèvres, aux assises de l’investissement qui se sont tenues à l’Élysée le 15 septembre, puis à l’occasion des Journées européennes du patrimoine à Bercy, le 20 septembre. À cette occasion, le ministre de l’Économie Emmanuel Macron et Axelle Lemaire, Secrétaire d’État chargée du numérique, se sont transformés en VRP de luxe pour les start-up présentes ce jour-là, et pour l’innovation en général.

À l'occasion des Journées du patrimoine, des stands ont été mis à disposition des start-up au 7e étage du ministère. Des enseignes emblématiques de la sharing economy s’y trouvaient représentées. Le ministre de l’Économie a échangé avec Vincent Ricordeau, cofondateur de KissKissBankBank, très heureux d’avoir fait partie, avec d’autres happy few comme BlaBlaCar, des lauréats du prix de l’Excellence française. Créé en mars 2010, KissKissBankBank est l’un des pionniers du crowdfunding orienté « don » en France. En 2013, Hellomerci, une plateforme dédiée aux prêts entre particuliers, est venue enrichir l’offre. Une troisième, spécialisée dans l’equity, doit voir le jour à la fin du mois de septembre.

France : une avance toute relative

Les entrepreneurs et les structures financées ne peuvent que se réjouir. En effet, les fonds collectés en France n’ont cessé d’augmenter :

  • 27 millions d’euros en 2012 (à comparer au milliard d'euros levés à l’échelle européenne [1] ) ;
  • 78,3 millions en 2013 ;
  • déjà 66,4 millions pour le 1er semestre 2014 [2] .
L’ equity crowdfunding affiche lui aussi une belle progression, mais se situe loin, avec 10 millions d’euros collectés en 2013, derrière les Allemands (15 millions d’euros), sans même citer les Américains du seul Kickstarter et leur milliard de dollars levés depuis 2009.

Au Royaume-Uni, même s’il encore difficile de recueillir des chiffres pour le crowdfunding, 87 plateformes sont actives [3] , contre une soixantaine en France ; les investissements alternatifs – au sens de la directive AIFM – y ont représenté 1 milliard de livres en 2013. Cette même année, selon les estimations de Forbes, le crowdfunding « pesait » 5,1 milliards de dollars dans le monde [4] .

Le décret du 1er octobre constitue, de l’avis des professionnels du secteur, une avancée certaine dans la reconnaissance de cette nouvelle discipline. Mais pour que le secteur décolle, il faut le rendre plus sûr pour les investisseurs potentiels, et lui donner les moyens de croître au-delà des frontières.

Vers un statut européen ?

Les acteurs du crowdfunding demandent donc, à l’instar de Stéphanie Savel, P-DG de WiSEED, ou de l’association PME Finance, des aménagements supplémentaires du texte. PME Finance milite en particulier pour la création d’un statut européen spécifique d'Établissement européen de financement participatif (EEFP).

Interrogé le 21 septembre dernier, le ministre de l’Économie a confirmé que le gouvernement ne comptait pas s’arrêter au décret du 1er octobre. Au nombre des sujets qui seront examinés d’ici la fin de l’année, et certainement au niveau européen, le ministre a cité la non-déductibilité des pertes, ainsi que le passeport européen.

Les prochaines assises européennes du crowdfunding, qui se tiendront à Paris au mois de décembre, devraient donc être le théâtre d’annonces.

1 Source : Massolutions. Il s’agit d’une estimation. 2 Source : CompinnoV pour FPF (Financement Participatif France). 3 Source : NESTA. 4 Dont 55,2% pour le don, 41,6% pour le prêt et 3,2% pour l’equity.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº776
Notes :
1 Source : Massolutions. Il s’agit d’une estimation.
2 Source : CompinnoV pour FPF (Financement Participatif France).
3 Source : NESTA.
4 Dont 55,2% pour le don, 41,6% pour le prêt et 3,2% pour l’equity.
RB