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L’UMC fait (presque) l’unanimité

Créé le

28.05.2015

-

Mis à jour le

09.07.2015

L'UMC se propose de renforcer le financement par les marchés financiers, pour réduire la dépendance des PME au crédit bancaire traditionnel, encourager l'allocation de l'épargne à des investissements de long terme et, in fine, favoriser la croissance économique et l'emploi. Le projet est généralement bien accueilli par l'industrie financière : les banques universelles notamment y voient une confirmation de la pertinence de leur modèle où financements intermédiés et financements par les marchés se complètent. Reste à savoir comment ce projet va se concrétiser. Le dossier de ce mois, organisé par Séverine Leboucher, donne la parole aux professionnels qui précisent leurs attentes avant que la Commission européenne ne publie sa feuille de route d’ici à la fin de l’année. Certains estiment qu’il sera nécessaire d’adapter les réglementations existantes, mais tous plaident pour que l’UMC ne soit pas l’occasion d’un nouveau round de régulation !

Toutefois, l'UMC garde certains détracteurs : pour Finance Watch, la banque traditionnelle de proximité est sans doute mieux adaptée aux financements des PME, d'autant que ce modèle s'est avéré résistant pendant la crise ; Hubert de Vauplane estime quant à lui que les ambitions de la Commission européenne ne devraient pas se limiter aux questions économiques et financières, pour que les citoyens reprennent goût à l’Europe…

La mise en œuvre de l’UMC va-t-elle, par les appels au marché ainsi créés, renforcer le shadow banking ? Christian de Boissieu (Paris I, Labex Réfi) souligne l’utilité de cette finance parallèle qui « répond aux besoins d'un certain nombre d’opérateurs privés » et vient à la fois « concurrencer et compléter l’activité des banques ». Mais, ajoute-t-il, il faut lui associer un cadre réglementaire adapté pour préserver sa souplesse tout en limitant ses risques.
Marcel Roncin (AFTI) a souhaité quant à lui sur ce « système bancaire parallèle » et ses conséquences pour les métiers du postmarché. Il a réuni différents experts pour détailler les projets et réflexion en cours : le cabinet de conseil Siltéa revient sur les recommandations des instances internationales, le  Conseil de stabilité financière, le Comité de Bâle ou l'OICV, ainsi que sur les projets de règlements de la Commission européenne : l’un sur les fonds monétaires, l’autre sur les opérations de financement sur titres. Deux projets qui font réagir non seulement les représentants du postmarché (Société Générale Securities Services, BNP Paribas Securities Services ou encore CACEIS), mais également  l’AMF.

Jean-Bernard Caen (PRMIA France) achève sa trilogie consacrée aux « conséquences inattendues de la réglementation ». Ses deux premiers articles montraient que non seulement les banques perdent leur capacité à mesurer les risques correctement, mais en plus que la hausse réglementaire des fonds propres fragilise en fait le système bancaire dans son ensemble. Dans ce dernier volet, il propose une voie pour rendre aux banques leur rôle de « pilier de l’économie » : la priorité est de supprimer l’aléa moral en instaurant un déclencheur de résolution à moindre coût et réactif, par exemple retirer automatiquement la licence bancaire d’une banque si sa valeur d’actif nette tombe à zéro.

Les clients professionnels des banques sont-ils digitalisables ? Xavier Landreau (Exton Consulting) s’est posé la question au travers d’une étude, qui montre que ce type de client reste fidèle à son banquier et à son agence qu’il visite encore régulièrement. Mais le consultant s’interroge aussi sur la pérénité de ce modèle, compte tenu de l’évolution des usages bancaires des particuliers vers la banque digitale.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº785