Les récentes images d’embouteillages de porte-containers à l’entrée des grands ports et les perturbations des chaînes d’approvisionnement nous feraient presque oublier qu'il y a dux-huit mois, l’économie mondiale se confinait, entraînant au 2e trimestre 2020, une chute de 27 % du volume du commerce mondial de marchandises. Dans cette industrie du trade finance, encore dominée par le papier, l’ampleur et la rapidité de propagation de la pandémie ont bouleversé les habitudes des back-offices bancaires, y compris ceux disposant de plan de continuité d’activité (PCA) éprouvé. En effet, le traitement administratif de ces produits (les encaissements et les crédits documentaires, les garanties et les avances import ou export) nécessite un travail humain important, parfois complexe, reposant, en grande partie, sur un flux documentaire important (factures, documents de transport, certificats d’assurance entre autres). Les documents, supports de la transaction sous-jacente, font l’objet de contrôles et d’examens approfondis, permettant à la banque de se faire ainsi une opinion et de déclencher, le cas échéant, le paiement.
Des back-offices sous pression
Ce processus requiert à la fois de l’expertise et de l’expérience, tout en se conformant au formalisme des règles de la Chambre de commerce internationale (ICC) ; par exemple, pour les crédits documentaires, respecter les 5 jours ouvrés de délais d’examen des documents pour déterminer si une présentation est conforme
Le spectre de la crise financière de 2007-2008
L’autre aspect des activités de trade finance est d’apporter de la liquidité aux entreprises, à travers des financements (avances, préfinancements, financements de créances), et de la sécurité (confirmation de crédit documentaire, émission de garanties) pour la bonne réalisation de leurs transactions. Au fur et à mesure que l’économie se mettait à l’arrêt, les inquiétudes sur la bonne performance et le dénouement des opérations bancaires grandissaient, par exemple des demandes d’extension de validité de crédits documentaires ou de prorogation d’échéances d’avances export.
Concernant plus spécifiquement la gestion des risques pays et des contreparties bancaires au sein des départements Institutions financières, une certaine prudence était de mise, au moins dans un premier temps. La crise de confiance entre établissements de crédits, un des marqueurs de la crise financière de 2007-2008, avait drastiquement réduit les capacités d’intervention des banques en matière de financement transactionnel, particulièrement vis-à-vis des petites et moyennes entreprises. Cette disponibilité des lignes de financement avait, depuis, fait l’objet d’études mesurant les liens entre ces écarts de financements (trade finance gaps
Une des menaces de cette pandémie était, par conséquent, la réduction, voire le gel des lignes de contreparties entre les établissements financiers. À la suite de la chute des matières premières (métaux, pétrole) au début de l’année 2020, la Banque africaine de développement (AfDB) a été la première à tirer le signal d’alarme sur les risques de réduction des lignes de confirmation des correspondants bancaires asiatiques, européens ou américains des banques du continent africain
Une activité financière résistante, mais qui doit se digitaliser
La crise financière de 2007-2008 avait mis en lumière la forte capacité de résistance des produits de trade finance. Qu’en est-il avec une crise sanitaire – et ses conséquences sociales et économiques – qui n’a pas dit son dernier mot ? Selon le FMI, le volume des échanges de marchandises a baissé de 7 % en 2020. Sur la même période, le nombre de messages SWIFT correspondant aux crédits documentaires (MT700) a chuté de 12 %, en grande partie du fait de la baisse des transactions liées au commerce des matières premières et des contrats qui ont été reportés ou annulés. Néanmoins, les taux de défaut des différents produits du trade finance sont loin d’être catastrophiques, comme le montre la récente publication par ICC du Trade Register Report
Conséquences de ces faillites, plusieurs initiatives en matière de contrôles des opérations ont été lancées par les banques centrales, allant de la mise en place de « code de bonnes pratiques » (Singapour