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Relancer l’épargne à long terme

Créé le

26.01.2011

-

Mis à jour le

09.02.2011

Comme le souligne Céline Thomas dans le dossier de Revue Banque, la crise aura laissé des traces chez les épargnants : elle a mis à mal certains postulats fondamentaux d’investissement, à savoir que les actions sont plus rémunératrices sur  périodes longues que les autres formes de placement et que ce dernier est d’autant plus rémunérateur qu’il est risqué. Or « les actions du CAC 40 ont baissé de 38,5 % en 10 ans », constate Jean-Michel Dy (Société générale Private Banking) et aujourd’hui, « les actions restent les plus risquées ​tout en étant moins rémunératrices ».

Comment faire alors pour inciter les épargnants français à investir à long terme, en vue de leur retraite, mais aussi parce que « l’épargne longue finance les moteurs de la croissance future », comme le ​signalent Jean-François Boulier et Charles du Granrut (Aviva Investors) ? ​Il va falloir se montrer innovants et déjà, les idées ne manquent pas : capitaliser sur le succès du PERCO, ​comme suggéré par Patrick Lamy (BNP Paribas) ou Dominique Coudert (Natixis Interépargne) ; appliquer les techniques de gestion institutionnelle aux grands patrimoines ; ou encore  organiser une diversification matricielle entre zones géographiques et styles de gestion, ainsi que le proposent Ghislaine Collela et Sébastien Vuillaume  (Axa).

La crise, toujours elle, a aussi modifié le modèle de financement des collectivités locales : ​« Les spreads des crédits ont explosé, causant un certain émoi du côté des collectivités qui avaient oublié le prix de la liquidité, et les produits dérivés complexes ne sont plus de mise », explique Jean-Claude Gauthier (Caisse d’Épargne Île-​de-​France). De plus ce marché génère un accroissement d’encours de 7 ​milliards par an que les bilans des banques ne pourront absorber en totalité. « Le risque d’évolution vers un modèle désintermédié avec une agence publique de financement des collectivités locales existe bien, même si les prix de ce modèle sont mal estimés ».

Est-ce le grand désamour avec Nyse-Euronext ? L’enquête de Sophie Gauvent montre que certains acteurs sont inquiets de la migration de ses serveurs de la banlieue parisienne vers celle de Londres, mais surtout, ​cette réaction cache un malaise plus profond : les petites et moyennes capitalisations se sentent négligées par la Bourse historique ; les intervenants sur ce marché n’hésitent pas à se tourner vers des plates-formes alternatives, voire pour les plus audacieux ou les plus imaginatifs, proposent de recréer une Bourse parisienne plus adaptés aux mid-caps

La microfinance n’échappe pas à la supervision bancaire : le Comité de Bâle a publié en août 2010 une version de ses principes directeurs, adaptée à cette activité. Cependant, « cette régulation peut avoir des effets contreproductifs sur le développement des IMF et, par conséquence, sur la réalisation de l’objectif d’inclusion financière » alertent Laurence Saillard et Christophe Villa (Audencia School of Management). Mais elle pourrait au moins avoir un effet bénéfique : rassurer les parties prenantes, notamment les investisseurs, sur une activité secouée ces derniers mois par le scandale indien…

La Commission européenne va bientôt relancer des stress tests auprès des établissements bancaires. Pour Alexandre Kateb (Compétence finance), ces exercices devront imposer « des épreuves beaucoup plus dures pour les banques, en tenant compte du risque de liquidité et des interactions entre l’économie réelle et le secteur financier » ; un tel exercice pour être crédible, doit délivrer « du sang et des larmes ».

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº733