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Les assureurs (aussi) au service de l’économie

Créé le

26.06.2014

-

Mis à jour le

30.06.2014

Au moment où les banques deviennent très prudentes dans le financement des entreprises compte tenu des conséquences réglementaires, et alors que les États se désengagent du financement des infrastructures dont les besoins sont élevés en Europe, les investisseurs institutionnels peuvent-ils prendre le relais ?

Les compagnies d’assurance peuvent investir en obligations, en actions et depuis peu aussi dans des prêts ; leur passif, plus long que celui des banquiers, leur permet d’envisager des financements d’actifs de long terme ; mais elles doivent compter avec le cadre réglementaire issu de la directive Solvabilité 2, même s’il est assoupli par la directive Omnibus 2, ainsi qu'avec leur réglementation nationale via le Code des assurances.

Les fonds de pension sont également considérés comme des acteurs du financement de long terme de l’économie, réglementés par la directive IORP, qui a, dans ce cas, plutôt pour objectif de faciliter l’activité européenne transfrontalière ; mais la question d’un encadrement par des règles de solvabilité ad hoc reste posée…

Enfin, le renouveau de la titrisation souhaité par tous les acteurs, y compris les superviseurs, mais dans une forme plus maîtrisable, devrait faciliter cette tendance.

Le dossier de Revue Banque évalue la marge de manœuvre de ces acteurs dans le soutien apporté à l’économie réelle.

L’annonce faite aux marchés. Le 5 juin dernier, la BCE a annoncé une baisse de ses taux directeurs, le lancement de TLTRO et envisage l’achat de créances corporate titrisées. La BCE continue ainsi à soutenir la croissance économique européenne et Mario Draghi n’en finit pas de surprendre par son inventivité : « la quantité et la nature des innovations sont étonnantes, et la doctrine comme la pratique de la BCE ont nettement évolué » souligne Philippe Weber (CPR-AM). Pour autant, des doutes subsistent quant à l’efficacité de ces mesures « pour extirper le risque déflationniste » estime Philippe d'Arvisenet (BNP Paribas). Surtout, comme le souligne Laurent Quignon (BNP Paribas), face à une demande de crédits faible, encourager l’offre risque de ne pas faire bouger fortement les lignes.

Le fonds Elliott fait décidément parler de lui ! Il est un des fonds vautours qui ont refusé la restructuration proposée par l’État argentin, de sa dette, et dont la position a été confortée par la récente décision de la Cour suprême des États-Unis. Celle-ci crée une jurisprudence dangereuse, explique Eric Dor (IESEG School of management) : l’Argentine risque de se retrouver à nouveau en défaut et la restructuration de toute dette souveraine risque d’être désormais plus difficile. En revanche, l’AMF tient tête au hedge fund qu’elle vient de condamner pour manquement d’initié sur la vente de titres APRR, à une sanction de 16 millions d’euros (soit 8 millions sur la société britannique et autant sur la société américaine du groupe) ce qui correspond, explique Henri Calvet (H2C Conseil), presque au plafond maximum autorisé à la date des faits.

Freud à la rescousse. Dans son ouvrage coécrit avec Gérard Maarek (Edhec), Capitalisme, Finance, Démocratie : le nouveau malaise, récemment paru, Vivien Levy-Garboua (BNP Paribas) tente une explication audacieuse des crises financières, en utilisant les principes d’une analyse freudienne :  le « ça » est constitué par les acteurs de la communauté financière – conseillers de clientèle, traders, analystes, collaborateurs des back et middle office –, qui recherchent le profit ; le « moi », qui cherche à canaliser la créativité de ces derniers, est représenté par les dirigeants des établissements ou les gouverneurs des banques centrales ; le « surmoi », gardien des valeurs, correspond essentiellement aux régulateurs… Répondant aux questions de la rédaction, Vivien Levy-Garboua analyse le rôle des croyances dans la finance et montre qu'« il peut y avoir une interaction forte entre crise financière et état psychologique des groupes ». Une bonne façon de prendre du recul sur les événements !

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº774