Square

Les ambitions des big techs

Créé le

24.02.2020

Moyens de paiement, crédits, comptes courants… Jusqu’où les big techs vont-elles aller dans les services bancaires ? Seront-elles les prochaines concurrentes auxquelles les banques vont devoir se confronter ? C’est le scénario qu’ont étudié les différentes parties prenantes, big techs comme banques traditionnelles, et experts réunis dans le dossier piloté par Laure Bergala.

La première constatation est la volonté partagée par toutes les big techs d’adjoindre des services financiers aux prestations qu’elles offrent à leurs clients sur leurs plateformes. Dans les économies occidentales, notamment en Europe, les GAFA ont pour l’instant privilégié les partenariats avec des banques qui restent les producteurs et gestionnaires du produit. Mais ces dernières perdent déjà au moins partiellement la distribution et la relation client au profit des big techs. Dans les économies émergentes, faute d’une offre suffisamment efficiente de produits par les banques locales, les BATX, Ant Financial en tête, ont montré que leur capacité financière et leur maîtrise du numérique leur permettaient de concevoir eux-mêmes des services ad hoc.

La réglementation pourrait-elle freiner ces évolutions ? À l’heure actuelle, les big techs ne la supportent pas de façon aussi extensive que les banques ; une avancée dans le domaine bancaire supposerait de se soumettre aux mêmes exigences réglementaires, mais selon certains experts, cela ne constituerait pas non plus un véritable obstacle…

Et aussi dans ce numéro…

Charles-Eric de Bony (Julhiet Sterwen) analyse les implications opérationnelles liées à la mise en œuvre des procédures d’authentification forte prévues par la DSP2 : l’implémentation technologique peut s’avérer complexe dans les systèmes d’information des banques et la conformité au règlement européen sur la protection des données personnelles pose des questions d’ordre juridique ; sans oublier des effets possibles sur l’expérience utilisateur plus ou moins impactée en fonction des acteurs.

Cédric Quéméner et Yann Ribière (Cognizant Consulting) ont, de leur côté, planché sur le remplacement des indices de référence, notamment de l’EONIA par l’€STR en Europe, qui contraint à modifier des milliers de contrats de crédits, d’instruments dérivés, ou de parts de fonds d’investissement. Dans ce cas également, des questions d’ordre juridique et technologique rendent la bascule complexe. Mais cette revue pourrait déboucher sur une amélioration pérenne de la gestion des contrats.

Xavier Vamparys (CNP Assurances) s’est emparé d’une question encore plus épineuse sur le plan de la mise en œuvre opérationnelle : l’acceptabilité de la technologie IA, qui est aujourd’hui directement liée à l’explicabilité des algorithmes. L’auteur se livre à une véritable exégèse de la question en analysant dans un premier temps l’objet de cette explicabilité (les données du modèle, le modèle lui-même, enfin les prédictions délivrées par ce dernier), puis la notion même d’explicabilité, entre intelligibilité, interprétabilité, justifiabilité et auditabilité, pour conclure qu’il « faudra peut-être accepter que, parfois, une décision algorithmique reste irréductible à une logique intégralement concevable ou même simplement compréhensible par l’humain ».

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº842
RB