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La guerre pénalise le rebond économique

Créé le

23.03.2022

Les conséquences de la guerre en Ukraine, évolutives, sont difficiles à évaluer sur la croissance. Mais une chose est sûre : la hausse des prix de l’énergie, déjà perceptible, renforce le regain de l’inflation et réduit les perspectives d’activité dans certains secteurs.

À peine remise de la pandémie, l’économie française doit désormais affronter les conséquences de la guerre en Ukraine. Selon les prévisions de l’Insee publiées le 16 mars dernier, cet événement géopolitique est porteur de deux types de répercussions : une hausse de l’inflation à court terme et, à plus long terme, une réorganisation probable de certaines chaînes de valeur. En outre, l’institut souligne l’incertitude dans laquelle ce choc exogène plonge la prévision économique, « précisément parce qu’elle dépend en partie de facteurs qui ne relèvent pas de l’analyse conjoncturelle habituelle, qu’il s’agisse par exemple de l’évolution de la situation militaire ou de celle des sanctions contre la Russie ».

Une guerre, trois chocs !

Le premier sujet de préoccupation concerne l’inflation importée. Les experts de l’Insee évoquent trois chocs : un premier sur le prix de l’énergie et des matières premières, un choc d’incertitude et un dernier sur le commerce extérieur. « Le choc sur les prix de certaines importations peut par ailleurs se doubler d’un choc sur les volumes, avec le risque d’un accroissement des difficultés d’approvisionnement – alors même que celles qui préexistaient, par exemple s’agissant des semi-conducteurs, ne semblent pas encore résorbées », précise la note de conjoncture.

Les premiers résultats des enquêtes menées auprès des chefs d'entreprise montrent comment les entreprises modifient leurs anticipations depuis le début de la guerre en Ukraine. Les perspectives d’activité sont particulièrement affectées dans l’industrie, dans le commerce de gros et dans certains services. Les hausses de prix pèsent sur les coûts de production des entreprises et des tensions sur les prix de vente sont prévues (voir graphique). Cela touche aussi les dépenses des ménages, même si l’Insee souligne l’impact positif du bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement. De manière plus indirecte, le climat de tension risque d’avoir des répercussions sur la confiance des entreprises comme des ménages, « pénalisant l’investissement ou encore la consommation ».

Protégé par l’acquis

Dans ce contexte, l’impact sur l’économie française est évalué à 1 point de PIB, si la hausse des prix de l'énergie observée début mars se maintient tout au long de l’année. Reste que la croissance annuelle en 2022 profite « d’un fort effet d’acquis (+2,7 % à l’issue du premier trimestre) lié au dynamisme de la reprise après la crise sanitaire ». Les aléas pour les prochains trimestres restent importants. « Au-delà du développement du conflit lui-même, des sanctions associées mais aussi des réponses de politique économique, ces aléas portent par exemple sur les conséquences du choc de confiance et sur l’ampleur des difficultés d’approvisionnement, qu’elles soient liées à la guerre ou bien éventuellement à la résurgence de la pandémie, si celle-ci devait entraîner des arrêts d’activité notamment en Chine. » Un point positif toutefois : les perspectives en matière d’emploi ne semblent pas entamées à ce stade. Les anticipations des chefs d’entreprise sur l’évolution prévue des effectifs sur les trois prochains mois se maintiennent « à des niveaux relativement élevés ».

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº867