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Enrayer la dérive des dérivés

Créé le

23.10.2014

-

Mis à jour le

09.07.2015

Les dérivés ont été les instruments par lesquels la crise est arrivée, la courroie de transmission qui a fait d’une crise américaine un bouleversement planétaire. Et leur volume, estimé par la BRI à 710 000 milliards de dollars de notionnel fin 2013, laisse imaginer la puissance de l’effet d’entraînement. C’est dire si les organismes internationaux et régulateurs de tous horizons s’y sont intéressés : recommandations du G20, du Comité de Bâle, loi Dodd Frank aux États Unis, directives EMIR ou Mif en Europe, protocole de l’ISDA… Les textes sont déjà multiples et d’autres sont encore en discussion concernant par exemple les chambres de compensation, passage bientôt obligé pour les transactions sur les dérivés dits « standardisés ». Où en est-on aujourd’hui de cette ardeur régulatrice ? Les dérivés sont-ils enfin sous contrôle ? Avance-t-on du même pas d’un côté et de l’autre de l’Atlantique ? Pour répondre à ces questions, Sophie Gauvent a interrogé les différentes parties prenantes.

Pas d’épilogue en vue… Douze ans après l’adoption des nouvelles mesures tarifaires, le Groupement CB ne sait toujours pas si elles sont conformes au droit de la concurrence. Robert Milchior (Granrut) revient sur ce feuilleton juridique, entre Commission européenne, Tribunal de l’Union européenne et CJUE, pour conclure que « lorsque la décision définitive sera rendue, il faudra peut-être se poser la question de savoir s’il n’est pas possible d’engager une action en responsabilité du fait de la durée globale et excessive de la procédure ».

Tous les patrons vous le diront : derrière les processus et réglementations, ce sont les hommes et femmes de l’entreprise, qui en font l'efficacité et les performances… ou ses pertes : de Jérôme Kerviel à la Baleine de Londres, les exemples ne manquent pas. Comment prendre en compte le facteur humain ? La neurologue Annaik Fève (Neurofinde) propose d’associer les démarches issues des neurosciences pour établir le plan de conformité d’un établissement financier et prendre en compte une psychologie individuelle, complémentaire des méthodes informatisées, réglementaires et globales.

Balayer à sa porte… Trois chercheurs de finance, Denis Dupré (Université de Grenoble), Catherine Karyotis (Neoma Business School) et Emmanuel Raufflet (HEC Montréal) s’interrogent sur le contenu de leurs enseignements à la lumière de la crise financière récente. Ils estiment qu’en requestionnant les théories financières et en enseignant une éthique de la finance, ils ont, eux-aussi, un rôle à jouer pour mettre la finance au service de l’économie et de la société.

Éducation toujours : Estelle Brack (Université Paris II-Panthéon Assas) et Félix Yao Kouassi (ministère de l’Éducation nationale et de l'enseignement technique, République de Côte d’Ivoire) expliquent que l'éducation financière est un vecteur d’inclusion financière et de lutte contre la pauvreté, notamment sur le continent africain. Les initiatives y sont multiples, mais il faut parfois savoir commencer par le début : ainsi, le programme d’éducation financière mis en place par le ministère de l’Éducation en Côte d’Ivoire, est délivré en priorité aux enseignants eux-mêmes, dont près d’un quart sont en situation de surendettement...

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº777